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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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<strong>La</strong> dialectique <strong>aristotélicienne</strong><br />

l’on n’a pas une vue directe de l’objet de sa préoccupation intellectuelle.<br />

Celui qui voit directement cet objet, qui le connaît clairement en ce qu’il est,<br />

pose sa nature même comme principe du discours qu’il tient. Ce discours est<br />

pour cela démonstratif. Il appartient à ce démonstrateur de « faire lui-même<br />

l’évidence » 321 sur <strong>les</strong> <strong>principes</strong> dans <strong>les</strong>quels il enracine son discours, car la<br />

seule chose qui puisse manquer pour écarter tout doute sur la vérité de ses<br />

<strong>principes</strong>, c’est que leur sens soit compris. Tout autre se présente la situation<br />

du dialecticien : quand il a clarifié le sens du principe sur lequel il se propose<br />

de s’appuyer, il n’y a pas encore évidence de sa vérité. Il reste possible et à<br />

l’une et à l’autre <strong>des</strong> contradictoires de s’avérer juste : soit que, de toute<br />

manière, le sujet en soit contingent, soit que sa nécessité n’ait pas encore été<br />

aperçue. Comme le dialecticien n’a pas de prise ni de vue directe sur la chose<br />

qu’il regarde, cette chose ne peut lui imposer d’elle-même l’une déterminément<br />

<strong>des</strong> contradictoires du principe qui la décrit.<br />

<strong>La</strong> raison fondamentale pour laquelle la dialectique diffère de la science<br />

consiste, ainsi que nous l’avons vu, dans le caractère opinatif de ses prémisses.<br />

Les prémisses de la dialectique sont , c’est-à-dire appartenant essentiellement<br />

à l’opinion (). Même si l’opinion en question peut se réclamer<br />

d’une autorité particulièrement forte, … elle demeure intrinsèquement<br />

une opinion et, comme telle, ne possède aucun critère intrinsèque qui lui permette<br />

de se poser comme vérité. 322<br />

C’est par cette indétermination intrinsèque devant la vérité, même nécessaire,<br />

qu’Aristote marque la proposition proprement dialectique, en comparaison<br />

de la proposition susceptible d'entrer dans une démonstration.<br />

discussion intervient seulement dans <strong>les</strong> domaines où nous ne disposons pas de procédés de<br />

détermination objective. » (J. Moreau, Aristote et la dialectique platonicienne, 82-83)<br />

321Voir Réf. Soph., 10, 171b1-2 : « Ù Ì ... ÃÙ . »<br />

322Berti, 46 ; c’est moi qui souligne. Il faut toujours se rappeler ce “détachement” de la<br />

dialectique, eu égard à la vérité, spécialement en réaction aux tentatives faites pour rétablir<br />

entre el<strong>les</strong> une connexion prochaine, dans l’idée que cela seul sauverait la légitimité dialectique.<br />

Par exemple : « L’importance donnée dans <strong>les</strong> <strong>Topiques</strong> au raisonnement inductif<br />

confirme que la dialectique n’est pas seulement une méthode de conversation, ou l’art<br />

d’exploiter <strong>les</strong> opinions reçues, mais qu’elle comporte aussi le regard sur <strong>les</strong> choses et inclut,<br />

par conséquent, une relation à la vérité, qui la met en continuité avec la méthode<br />

proprement scientifique. » (Le Blond, 37)<br />

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