23.06.2013 Views

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Yvan Pelletier<br />

Sous cet angle, la considération du dialecticien est toujours commune,<br />

celle du scientifique toujours propre 193. Mais, encore une fois, comprenons<br />

bien ce qu’Aristote entend par là : il ne s’agit de nier ni que le dialecticien<br />

puisse discuter de choses extrêmement précises et spécia<strong>les</strong>,<br />

ni que le savant puisse s’élever à <strong>des</strong> considérations de portée<br />

très générale et universelle 194. Bien qu’on s’attende que le dialecticien<br />

se sente plus à l’aise et exerce le plus souvent sa faculté en <strong>des</strong> matières plutôt<br />

généra<strong>les</strong>, il peut aussi <strong>des</strong>cendre à de l’extrêmement particulier : mais, même<br />

alors, sa considération demeure commune en cet autre sens qu’il reste en<br />

dehors <strong>des</strong> causes et <strong>des</strong> <strong>principes</strong> propres de ces matières particulières 195 : il<br />

cherche toujours sa force dans <strong>les</strong> qualités logiques communes attachées aux<br />

conceptions précises qu’il manipule et emprunte ces conceptions à ce qui<br />

circule familièrement parmi <strong>les</strong> experts de la chose, lui-même ne possédant<br />

aucune évidence directe de leur vérité. Inversement, quand le savant s’élève à<br />

<strong>des</strong> considérations très universel<strong>les</strong>, ce n’est pas à la manière du dialecticien<br />

qu’il devient commun. Pour regarder l’exemple le plus frappant, le dialecticien,<br />

pour commun qu'il soit, ne l’est pas comme le métaphysicien. « Ã<br />

193« Procédant de notions communes, tout syllogisme dialectique est figuratif. En effet, la<br />

figure extérieure est comme un terme ultime pour l’essence dont elle est figure et, par là,<br />

plus extérieure que toutes ses autres propriétés. » (S. Albert, In I Top., tr. 1, c. 5)<br />

194On retrouve cette confusion chez plusieurs auteurs, qui en tirent occasion de confondre<br />

la dialectique, à qui ils retirent toute considération particulière, et la métaphysique, à qui ils<br />

refusent l’aptitude à démontrer. Ainsi, Berti, 38 : « Le dialecticien est l’opposé du spécialiste...<br />

C’est proprement l’universalité de son objet qui empêche la dialectique d’être<br />

démonstrative. » Aubenque ne fait pas non plus la différence entre la communauté <strong>des</strong><br />

<strong>principes</strong> du dialecticien, qui prive celui-ci d’une évidence définitive sur le réel, et l’universalité<br />

<strong>des</strong> <strong>principes</strong> du métaphysicien, qui lui donne au contraire ce type d’évidence sur tout<br />

être et fonde même l’évidence de toute science particulière. « <strong>La</strong> probabilité dialectique …<br />

est certes inférieure à la démonstration ; mais elle intervient chaque fois que la démonstration<br />

est impossible, c’est-à-dire chaque fois que le discours s’universalise au point de perdre<br />

tout point d’appui réel : elle corrige alors l’éloignement où nous sommes <strong>des</strong> choses par le<br />

recours au consentement et à l’autorité <strong>des</strong> hommes. » (Aubenque, Le Problème de l’être…,<br />

259)<br />

195« Même quand la dialectique considère <strong>des</strong> singuliers, elle le fait toutefois à partir <strong>des</strong><br />

<strong>principes</strong> communs de ces singuliers, non de leurs <strong>principes</strong> propres ; aussi ne peut-elle pas<br />

produire une connaissance certaine <strong>des</strong> singuliers. » (S. Albert, ibid.)<br />

70

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!