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La Dialectique aristotélicienne, les principes clés des Topiques ...

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Yvan Pelletier<br />

Pourtant, dans un texte où il résume l’apport de la recherche socratique,<br />

Aristote semble considérer, non plus comme une déviation, mais comme le<br />

signe d’un progrès, que la dialectique ait pu, à un certain moment se libérer de<br />

la considération de l’essence. 160<br />

Tout ce que le dialecticien sait <strong>des</strong> choses au départ, c’est quel<strong>les</strong> représentations<br />

— définitions, énoncés — la raison a déjà plus ou moins spontanément<br />

conçues à leur endroit ; tout ce qu’il retient, sur quelque réalité que ce<br />

soit, ce sont <strong>les</strong> idées généralement acceptées à son propos, cel<strong>les</strong> qui sont<br />

déjà coutumières, réputées, ı, témoins quasi naturels, et pour cela<br />

espérés fidè<strong>les</strong>, de la nouvelle existence qui devrait convenir à cette réalité<br />

dans la raison. Cette différence radicale entre leurs <strong>principes</strong> entraîne tout de<br />

suite, comme on devra y revenir plus loin, une énorme différence aussi dans<br />

la manière convenable d’exploiter ces <strong>principes</strong> pour en tirer d’autres<br />

connaissances inaccessib<strong>les</strong> immédiatement. Le savant, s’appuyant sur une<br />

évidence directe de la nature propre à chaque réalité, devra adopter un mode<br />

de procéder approprié à chacune. À l’opposé, procédant <strong>des</strong> représentations<br />

<strong>des</strong> choses plutôt que de leurs natures mêmes, le dialecticien s’appuiera sur<br />

<strong>les</strong> qualités de ces représentations, qualités qui demeurent <strong>les</strong> mêmes quel<strong>les</strong><br />

que soient <strong>les</strong> réalités visées, et qui, pour cela, font l’objet d’une science<br />

commune, la logique 161.<br />

160Le Problème de l’être…, 293.<br />

161Le savant, pour faire la lumière sur un objet, procède « Ú -<br />

Ì ÕÙ Ô » (« <strong>des</strong> <strong>principes</strong> et conclusions contenues sous l’art [concerné]<br />

») ; le dialecticien, pour sa part, procède « Ú Ì <br />

ÕÙ Ú » (« <strong>des</strong> <strong>principes</strong> et conclusions contenues sous la<br />

dialectique [sous la logique] pour parler <strong>des</strong> objets autres ») que celui qui est propre à la<br />

logique (voir Réf. soph., 11, 171b38-172a2). — « <strong>La</strong> dialectique, en action (dialectica<br />

utens), ne se limite pas à quelque genre-sujet déterminé. On le prouve à partir de ce qu’elle<br />

est investigatrice (inquisitiva, ), et qu’elle interroge à propos de tout. Les<br />

caractères communs à propos <strong>des</strong>quels elle enquête (<strong>les</strong>quels sont l’accident, le genre, le<br />

propre et la définition, à savoir si un caractère s’attribue à un sujet comme accident, genre,<br />

propre ou définition) ne sont pas renfermés en un quelconque genre-sujet déterminé. Donc,<br />

la dialectique, lorsqu’elle fait usage du syllogisme dialectique, ne vise rien qui soit un sujet<br />

déterminé. » (S. Albert, In I Elench., tr. 5, c. 8) — « <strong>La</strong> dialectique, du fait qu’elle s’enquiert<br />

de relations (intentiones) et d’attributs qui appartiennent à toutes choses, ne peut pas<br />

être limitée à quelque genre-sujet déterminé, ni non plus être apte à démontrer quelque<br />

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