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La réception de la littérature française en Pologne ... - e-Sorbonne

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Lukács illustre ses réflexions par <strong>de</strong>s exemples pris dans les œuvres <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>littérature</strong>.<br />

Pour <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> type, son choix s’est porté sur les romans <strong>de</strong> Lev Tolstoï qu’il considère<br />

comme un maître dans <strong>la</strong> création <strong>de</strong>s personnages concrets, jamais abstraits. Il juge ses<br />

<strong>de</strong>scriptions dynamiques. Constamm<strong>en</strong>t, Tolstoï surmonte <strong>la</strong> médiocrité dans le récit et <strong>la</strong><br />

manière superficielle <strong>de</strong> ne voir que les faits et phénomènes superficiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité. Tolstoï<br />

ne se cont<strong>en</strong>te pas <strong>de</strong> décrire, il raconte. Et le récit, <strong>en</strong> opposition à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription, constitue <strong>la</strong><br />

base <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréh<strong>en</strong>sion du réalisme.<br />

Selon Lukács, les moy<strong>en</strong>s artistiques doiv<strong>en</strong>t être adaptés à leur objet qui est <strong>en</strong> constante<br />

évolution ; pour cette raison <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription statique et rigi<strong>de</strong> ne peut pas conv<strong>en</strong>ir. Quand <strong>la</strong><br />

narration est conduite <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> position d’un participant <strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts, les lecteurs <strong>la</strong><br />

viv<strong>en</strong>t aussi d’une manière active. D’où l’importance <strong>de</strong> l’action du roman et <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong><br />

relier les <strong>de</strong>scriptions à l’action pour r<strong>en</strong>dre plus int<strong>en</strong>se sa dynamique. Lukács considérait<br />

que l’écrivain <strong>de</strong>vait se conc<strong>en</strong>trer sur les choses ess<strong>en</strong>tielles pour éviter le chaos.<br />

<strong>La</strong> position du narrateur omnisci<strong>en</strong>t permet d’organiser l’action d’une manière cohér<strong>en</strong>te et<br />

d’exclure les élém<strong>en</strong>ts d’incertitu<strong>de</strong>. Le narrateur maîtrise son récit et le ti<strong>en</strong>t à distance – ce<br />

qui lui permet d’<strong>en</strong> donner une évaluation.<br />

Jasi ski observe que Lukács, <strong>en</strong> exposant aussi fortem<strong>en</strong>t le rôle du narrateur dans les romans<br />

du 19 e siècle, s’est exposé au danger <strong>de</strong> se couper <strong>de</strong> <strong>la</strong> production littéraire contemporaine<br />

qui a adopté d’autres techniques <strong>de</strong> narration : <strong>la</strong> position du narrateur a changé radicalem<strong>en</strong>t<br />

dans les romans contemporains, il a perdu son omnisci<strong>en</strong>ce et a été mis au niveau <strong>de</strong>s<br />

personnages <strong>en</strong> ce qui concerne <strong>la</strong> consci<strong>en</strong>ce et les connaissances 414 .<br />

<strong>La</strong> tâche principale que Lukács s’est fixée était <strong>de</strong> trouver le moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> vaincre le principe <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> connaissance directe et celui <strong>de</strong> l’illusion. L’art qui n’arrive pas à franchir ce pas<br />

révolutionnaire et reste toujours dans le pouvoir <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> réification et du<br />

fétichisme marchand, n’a que <strong>de</strong>ux voies <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t possibles : l’une d’elles est le<br />

romantisme qui consiste à contempler les richesses intérieures d’un individu isolé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

société et <strong>de</strong> l’histoire, <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième – le naturalisme dont le programme se limite à analyser<br />

les faits « purs » , non dénaturés par l’interprétation <strong>de</strong> l’homme.<br />

Aussi bi<strong>en</strong> le romantisme que le naturalisme sont <strong>en</strong> fait <strong>de</strong>ux faces du même dualisme rigi<strong>de</strong><br />

à <strong>la</strong> fois subjectif et objectif, créé par <strong>la</strong> consci<strong>en</strong>ce réifiée.<br />

414 B. JASI SKI, Lukács, Warszawa, Wiedza Powszechna, 1985, p. 119.

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