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La réception de la littérature française en Pologne ... - e-Sorbonne

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expliquer et illustrer les concepts théoriques <strong>de</strong> Lukacs, comme nous avons pu le constater<br />

dans le chapitre 4.1.2.<br />

Le critique <strong>de</strong> l’hebdomadaire catholique indép<strong>en</strong>dant Tygodnik Powszechny, Stefan<br />

Kisielewski, <strong>en</strong>gagé dans le débat sur le réalisme et l’opposant <strong>de</strong> Kott, avait lui aussi avait<br />

puisé ses exemples dans <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong> du XIXe siècle <strong>en</strong> ripostant aux argum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s<br />

critiques marxistes <strong>de</strong> Ku nica.<br />

Les conséqu<strong>en</strong>ces du « choix <strong>de</strong> Lukács » par Ku nica, <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’impact att<strong>en</strong>du <strong>de</strong> sa<br />

conception du grand réalisme sur <strong>la</strong> nouvelle prose polonaise adaptée à son époque, se sont<br />

manifestées lors du processus d’actualisation <strong>de</strong> l’héritage littéraire pour former le nouveau<br />

canon historique conforme à l’esthétique marxiste. <strong>La</strong> réhabilitation <strong>de</strong> l’héritage littéraire du<br />

XIXe siècle, comm<strong>en</strong>cée <strong>en</strong> Union Soviétique à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années vingt et poursuivie dans les<br />

années tr<strong>en</strong>te, évoquée brièvem<strong>en</strong>t plus haut, a comm<strong>en</strong>cé <strong>en</strong> <strong>Pologne</strong> dès les premières<br />

années <strong>de</strong> l’après-guerre. Elle a porté sur toutes les époques et a consisté, dans un premier<br />

temps, à définir celles qui ont été désignées comme « progressistes ». Le manque <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

traditions réalistes nationales ainsi que le choix <strong>de</strong> s’appuyer, dans <strong>la</strong> valorisation du roman<br />

réaliste, sur <strong>la</strong> conception du grand réalisme <strong>de</strong> Lukács, qui, pour l’illustrer, puisait, <strong>en</strong>tre<br />

autres, dans <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong> du XIXe siècle, était <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

considération <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong>s grands réalistes français du XIXe siècle comme point <strong>de</strong> repère<br />

<strong>en</strong> matière <strong>de</strong>s traditions réalistes progressistes. Les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Lukács <strong>de</strong>s années tr<strong>en</strong>te sur les<br />

grands réalistes français, allemands et russes du XIXe siècle ont permis à Kott <strong>de</strong> s’atteler à<br />

cette tâche dès 1945, <strong>en</strong> ce qui concernait les c<strong>la</strong>ssiques étrangers. Il convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rappeler ici<br />

que les diverg<strong>en</strong>ces, prés<strong>en</strong>tées et comm<strong>en</strong>tées dans le chapitre 4.1.1, <strong>en</strong>tre les conceptions <strong>de</strong><br />

Lukács et celles <strong>de</strong>s critiques soviétiques dans les années tr<strong>en</strong>te, qui nous intéress<strong>en</strong>t plus<br />

particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur impact sur <strong>la</strong> <strong>réception</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong> du<br />

XIXe siècle par le discours critique <strong>de</strong> Ku nica <strong>de</strong> 1945 à 1948, se sont manifestées lors <strong>de</strong><br />

l’actualisation <strong>de</strong>s traditions littéraires, notamm<strong>en</strong>t lorsqu’il fut question d’inclure ou<br />

d’exclure certaines époques, courants, œuvres ou auteurs, voire certaines œuvres d’un auteur<br />

dans les traditions « progressistes ». Le choix <strong>de</strong>s thèses <strong>de</strong> Lukács concernant les grands<br />

réalistes du XIXe siècle par Ku nica, qui s’est traduit dans les préfér<strong>en</strong>ces manifestées par les<br />

critiques <strong>de</strong> Ku nica, avant tout par Jan Kott, vis-à-vis <strong>de</strong> certains auteurs au détrim<strong>en</strong>t<br />

d’autres, a eu <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces que les critiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> revue se sont vu reprocher <strong>en</strong> 1949.<br />

Nous avons pu voir (dans le chapitre 4.1.1), par exemple, pour quelles raisons Lukács (suivi<br />

par Kott) mettait Balzac au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Victor Hugo, contrairem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> critique soviétique dont<br />

<strong>la</strong> préfér<strong>en</strong>ce al<strong>la</strong>it, pour <strong>de</strong>s raisons déjà évoquées, à celui-ci.

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