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La réception de la littérature française en Pologne ... - e-Sorbonne

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son œuvre. Ainsi, le combat d’Alceste contre l’hypocrisie et <strong>la</strong> corruption apparaît comique à<br />

certains.<br />

„Et pourtant ne pas s’apercevoir dans le théâtre <strong>de</strong> Molière du profond instinct <strong>de</strong> lutte pour l’ordre plus<br />

juste dans le mon<strong>de</strong> est le même aveuglem<strong>en</strong>t que <strong>de</strong> contester à ce théâtre le droit au rire fougueux. » 1467<br />

Natanson passe <strong>en</strong>suite au Misanthrope. Il constate qu’on trouve sûrem<strong>en</strong>t dans cette pièce le<br />

désir d’amuser et <strong>de</strong> distraire. Il <strong>en</strong> cite l’exemple, donnant raison au metteur <strong>en</strong> scène du<br />

théâtre <strong>de</strong> Katowice, Roman Zawistowski, qui a mis <strong>en</strong> avant cet aspect, <strong>en</strong> al<strong>la</strong>nt même vers<br />

<strong>la</strong> comédie <strong>de</strong>ll’arte.<br />

„ Mais, <strong>en</strong> plus <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>, et c’est important, <strong>la</strong> <strong>la</strong>me <strong>de</strong> l’humour <strong>de</strong> cette comédie se dirige c<strong>la</strong>irem<strong>en</strong>t,<br />

contre <strong>la</strong> puissante c<strong>la</strong>sse sociale, contre <strong>la</strong> noblesse <strong>de</strong> cour, contre les marquises. Molière a le courage ici<br />

<strong>de</strong> se moquer non pas <strong>de</strong>s faibles, mais <strong>de</strong>s puissants ; le courage civil, mais aussi physique. Il écrivait<br />

après tout dans une époque où <strong>la</strong> jeunesse dorée pouvait, pour se distraire, tabasser jusqu’au sang les<br />

acteurs quittant <strong>la</strong> scène. » 1468<br />

Natanson remarque que Molière semble introduire consciemm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nombreux personnages<br />

secondaires représ<strong>en</strong>tant <strong>la</strong> noblesse dont il se moque, comme pour signaler c<strong>la</strong>irem<strong>en</strong>t qu’il<br />

s’agit non pas <strong>de</strong>s individus, mais <strong>de</strong>s types représ<strong>en</strong>tant <strong>la</strong> société. Le critique s’étonne <strong>de</strong><br />

l’aveuglem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> certains critiques qui n’ont pas su voir contre qui était dirigée <strong>la</strong> satire, si<br />

mordante et audacieuse, et qui p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t que c’est surtout Alceste, pourtant libre <strong>de</strong>s tares <strong>de</strong><br />

son milieux, qui est ridicule. Pour Natanson, Le Misanthrope est un bon exemple d’alternance<br />

du comique et du polémique, du jeu et du combat.<br />

Il évoque l’époque du début du règne <strong>de</strong> Louis XIV, après <strong>la</strong> mort du cardinal Mazarin, et<br />

remarque que, au mom<strong>en</strong>t où Molière avait écrit Le Misanthrope (<strong>en</strong> 1666), Louis XIV<br />

jouissait <strong>en</strong>core, grâce à son habileté, d’une certaine confiance et popu<strong>la</strong>rité auprès d’une<br />

partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. <strong>La</strong> lutte contre le « mauvais système judiciaire », le motif principal <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

comédie, pourrait, à première vue, refléter le combat du pouvoir royal avec le parlem<strong>en</strong>t. Le<br />

combat <strong>de</strong> Molière contre les marquis pouvait p<strong>la</strong>ire au roi dont l’intérêt était d’affaiblir le<br />

féodalisme <strong>de</strong> type anci<strong>en</strong> (oligarchie) au profit du nouveau : absolu. <strong>La</strong> question que pose le<br />

critique est <strong>de</strong> savoir si Molière était l’outil aux mains du roi, et son Misanthrope un acte<br />

habile <strong>de</strong> <strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> royaliste. Et il fournit <strong>la</strong> réponse : c’est une appar<strong>en</strong>ce trompeuse.<br />

1467 W. NATANSON, „Alcest, przyjaciel ludzi : z okazji wystawi<strong>en</strong>ia w Katowicach « Mizantropa » Moliera”<br />

(Alceste, l’ami du peuple : à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tation du Misanthrope <strong>de</strong> Molière à Katowice), Twórczo ,<br />

1951, z. (cahier) 5, str.(p.) 166 – 172, p. 167 : « A przecie nie dostrzega w teatrze Moliera gł bokiego<br />

instynktu walki o lepszy porz <strong>de</strong>k wiata jest taka sama lepot , jak zaprzecza temu teatrowi praw <strong>de</strong><br />

ywiołowego miechu.”<br />

1468 Ibid., p. 168 : « Ale ponadto, i co wa niejsze, ostrze humoru tej komedii kieruje si wyra nie – przeciw<br />

pot nej k<strong>la</strong>sie społecznej, przeciw dworskiej sz<strong>la</strong>chcie, markizom. Molier ma tu odwag wy miewania nie<br />

słabych, ale silnych ; odwag nie tylko cywilna, ale – mo na by rzec – tak e i fizyczna. Pisał przecie w dobie,<br />

gdy złota młodzie umiała d<strong>la</strong> zabawy okłada kijami do krwi aktorów schodz cych ze sc<strong>en</strong>y [...].

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