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La réception de la littérature française en Pologne ... - e-Sorbonne

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v<strong>en</strong>ir, ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong> « <strong>la</strong> révolution douce » (pour comm<strong>en</strong>cer) - comme Jerzy Borejsza, « le<br />

chef » <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle presse et du « nouvel empire » éditorial « Czytelnik », d’autres - comme<br />

Jan Kott – pour <strong>de</strong>s objectifs plus concrets : pour « libérer les c<strong>la</strong>ssiques » <strong>de</strong>s droits d’auteur<br />

dét<strong>en</strong>us par les éditeurs privés, pour <strong>la</strong> nouvelle loi sur les bibliothèques, pour <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s<br />

prix <strong>de</strong>s livres pour les r<strong>en</strong>dre accessibles aux nouveaux lecteurs. Leurs efforts, à différ<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong>grés, convergeai<strong>en</strong>t vers un but fixé par le parti communiste qui avait déployé tout un<br />

ars<strong>en</strong>al <strong>de</strong> moy<strong>en</strong>s dont il a été question à plusieurs reprises, notamm<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> Première<br />

partie prés<strong>en</strong>tant les conditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>réception</strong> - mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce dès 1944 (ou avant) et dont les<br />

critiques marxistes, stratégiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> première ligne dans l’immédiat après-guerre,<br />

n’ignorai<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>. De cette façon, alors que les débats littéraires et sur <strong>la</strong> démocratisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

culture brassai<strong>en</strong>t un <strong>la</strong>rge év<strong>en</strong>tail d’idées et <strong>de</strong>s propos <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ts bords, l’action <strong>de</strong><br />

« rééditions <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssiques », sout<strong>en</strong>ue par le « débat » sur l’importance <strong>de</strong> l’héritage littéraire,<br />

pr<strong>en</strong>ait une forme concrète. Comme nous avons pu le constater plus haut, l’initiative <strong>de</strong><br />

réédition <strong>de</strong>s « c<strong>la</strong>ssiques français » se conc<strong>en</strong>trait dans le secteur <strong>de</strong> l’édition dirigée, au<br />

début, par le parti communiste et le parti socialiste (« Ksi ka » et « Wiedza »), et, par <strong>la</strong><br />

suite, dép<strong>en</strong>dant du parti communiste, même si nous avons pu signaler quelques initiatives <strong>de</strong>s<br />

éditeurs privés. Ainsi, <strong>en</strong> accord avec <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique culturelle du nouveau pouvoir,<br />

représ<strong>en</strong>tée par le discours critique marxiste <strong>de</strong> Ku nica dans les premières années <strong>de</strong> l’après-<br />

guerre (1944 – 1948), et sa vision <strong>de</strong> l’héritage littéraire qui <strong>de</strong>vait former le nouveau canon<br />

littéraire, <strong>la</strong> <strong>réception</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong> du Moy<strong>en</strong> Âge a été soumise à cette<br />

ori<strong>en</strong>tation <strong>en</strong>core discrète. Si nous constatons donc que les œuvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong><br />

du Moy<strong>en</strong> Âge n’ont pas été rééditées dans <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1944-1948, nous pouvons <strong>en</strong> tirer<br />

une conclusion qui semble s’imposer : <strong>en</strong> dépit du discours critique <strong>de</strong> Ku nica, déc<strong>la</strong>ré<br />

marxiste, mais volontairem<strong>en</strong>t (et stratégiquem<strong>en</strong>t) plus ouvert, les « concrétisations » - donc<br />

les rééditions – suivai<strong>en</strong>t dès le début une ligne idéologique fixée par le parti communiste au<br />

pouvoir et ses objectifs à plus long terme, et reflétai<strong>en</strong>t d’une manière plus pertin<strong>en</strong>te ses<br />

priorités. .<br />

Il serait d’ailleurs compréh<strong>en</strong>sible que dans l’immédiat après-guerre, où les besoins <strong>en</strong><br />

livres (surtout sco<strong>la</strong>ires) étai<strong>en</strong>t imm<strong>en</strong>ses et les moy<strong>en</strong>s matériels tellem<strong>en</strong>t limités, les<br />

rééditions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong> <strong>française</strong> du Moy<strong>en</strong> Âge ai<strong>en</strong>t été considérées comme moins<br />

urg<strong>en</strong>tes. Et pourtant, p<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong>, comme nous allons le voir, les éditeurs ont<br />

trouvé les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> rééditer les c<strong>la</strong>ssiques français du XVIIIe et du XIXe siècle. Ces<br />

rééditions ont été accompagnées, ou précédées, par le discours critique <strong>de</strong> Ku nica comme<br />

nous l’avons déjà vu dans <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation du débat sur le réalisme dans <strong>la</strong> <strong>littérature</strong>, et plus

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