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La réception de la littérature française en Pologne ... - e-Sorbonne

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articles <strong>de</strong> Ku nica <strong>de</strong> l’immédiat après-guerre par le recours à <strong>la</strong> terminologie marxiste<br />

maniée <strong>en</strong>core d’une manière ma<strong>la</strong>droite, et annonçait l’univocité du discours critique prévue<br />

par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> du réalisme socialiste. L’int<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> l’auteur a visiblem<strong>en</strong>t été d’accrocher<br />

l’att<strong>en</strong>tion du lecteur on « racontant » <strong>la</strong> vie mondaine <strong>de</strong> l’époque dans les salons<br />

d’aristocrates par exemple, et <strong>de</strong> passer sans intermédiaires à l’analyse « marxiste » du<br />

phénomène.<br />

Litwin poursuit sa prés<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> imputant aux philosophes du XVIIIe siècle d’avoir créé,<br />

dans leurs œuvres, une image <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite bourgeoisie forte, exubérante, spontanée dans sa<br />

manière d’être, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale, à l’opposée <strong>de</strong> <strong>la</strong> noblesse capricieuse et perverse. Il évoque une<br />

autre opinion sur <strong>la</strong> petite bourgeoisie <strong>de</strong> l’époque, celle d’Arthur Young, qui, dans ses<br />

mémoires, donnait d’elle une vision beaucoup plus sombre : il <strong>la</strong> trouvait paresseuse, bornée,<br />

apathique. L’auteur <strong>de</strong> l’article tire une conclusion <strong>de</strong> cette différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> vue :<br />

„ C’est bi<strong>en</strong> quelquefois <strong>de</strong> comparer les feuilles d’un cahier d’écrivain avec <strong>la</strong> réalité ! Di<strong>de</strong>rot décrit<br />

toutes les couches <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>de</strong> l’époque, qu’il a étudiées, d’une manière réaliste. À l’exception d’une –<br />

celle au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle il a grandi et dans <strong>la</strong>quelle il a p<strong>la</strong>cé ses espoirs ». 1037<br />

Mis à part le fait qu’il considère les mémoires d’Arthur Young 1038 comme source fiable qui<br />

restitue « <strong>la</strong> réalité » <strong>de</strong> son époque, il conteste le réalisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite bourgeoisie<br />

du philosophe français, lui reprochant l’aveuglem<strong>en</strong>t, par le désir excessif <strong>de</strong> <strong>la</strong> voir porter les<br />

valeurs et les espoirs qui étai<strong>en</strong>t les si<strong>en</strong>s. Il était évi<strong>de</strong>nt que le mom<strong>en</strong>t n’était plus propice<br />

pour mettre <strong>en</strong> avant le caractère progressif <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite bourgeoisie. Sans approfondir ce<br />

constat, Litwin « repasse », à Jacques, le héros du roman <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, <strong>en</strong> pratiquant<br />

« l’alternance » que nous avons évoquée :<br />

« P<strong>en</strong>dant ce temps-là, Jacques poursuit son chemin - contemple le mon<strong>de</strong>, bavar<strong>de</strong> et philosophe -<br />

comme Paris tout <strong>en</strong>tier à l’époque – avec passion et ferveur. Mais que resterait-il <strong>de</strong> Jacques, s’il arrêtait<br />

<strong>de</strong> philosopher ? Il n’aurait pas pu dire à son maître qu’il s’estimait plus sage que lui-même, il n’aurait pas<br />

pu lui dicter ses conditions <strong>de</strong> vie commune. Les erreurs <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> Jacques avai<strong>en</strong>t été aussi inévitables<br />

qu’inévitables avai<strong>en</strong>t été le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> son maître, <strong>de</strong> lui-même et <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> France. Mais dans sa<br />

philosophie fataliste se manifeste une force et une certitu<strong>de</strong>. Son propos ‘était écrit là-haut…’ est <strong>la</strong><br />

preuve <strong>de</strong> sa consci<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s lois que <strong>la</strong> volonté d’un individu n’est pas <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> changer. Et que lui,<br />

Jacques, fait partie d’un grand – selon son idée – cosmique, courant. » 1039<br />

1037<br />

J. LITWIN, „Dokum<strong>en</strong>t mieszcza skiej rewolucji” (Docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution bourgeoise), Ku nica, 1948,<br />

n° 9 : « Warto czasem zestawi kartki pisarskiego zeszytu z rzeczywisto ci ! Di<strong>de</strong>rot wszystkie<br />

charakteryzowane przez siebie warstwy ówczesnego społecze stwa rysuje w barwach realistycznych. Prócz<br />

jednej - tej, w której wyrosł i z któr ł czy swoje nadzieje.”<br />

1038<br />

A. YOUNG (1741 – 1820), agriculteur et agronome britannique, auteur du Voyage <strong>en</strong> France (1792) qui eut<br />

une gran<strong>de</strong> r<strong>en</strong>ommée.<br />

1039<br />

J. LITWIN, „Dokum<strong>en</strong>t mieszcza skiej rewolucji” (Docum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> révolution bourgeoise), Ku nica, 1948,<br />

n° 9 : « A tymczasem Kubu w druje – patrzy na wiat i filozofuje – jak i ówczesny Pary – z pasj i

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