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Mars la bleue

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un inépuisable sujet de p<strong>la</strong>isanterie. Les nouveaux programmes<br />

de traduction étaient si bons qu’on pouvait envisager le recul de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>ise qui dominait <strong>la</strong> culture martienne. C’était <strong>la</strong><br />

lingua franca des issei, évidemment venus avec leurs <strong>la</strong>ngues,<br />

et c’était devenu <strong>la</strong> première <strong>la</strong>ngue des nisei. Mais à présent,<br />

avec les nouvelles IA et le flux continuel de nouveaux<br />

immigrants par<strong>la</strong>nt tous les dialectes de <strong>la</strong> Terre, l’éventail<br />

linguistique avait des chances de s’é<strong>la</strong>rgir, les nouveaux nisei<br />

conservant leur <strong>la</strong>ngue maternelle et utilisant les IA comme<br />

lingua franca au lieu de l’ang<strong>la</strong>is.<br />

Le problème linguistique illustrait pour Art un aspect de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion indigène qui ne l’avait pas frappé jusque-là. Certains<br />

indigènes étaient des yonsei de <strong>la</strong> quatrième génération ou plus<br />

jeunes, de vrais enfants de <strong>Mars</strong> ; mais d’autres du même âge<br />

étaient les enfants nisei de récents immigrants issei, et ils<br />

avaient souvent gardé leur culture terrienne d’origine, avec tous<br />

les conservatismes que ce<strong>la</strong> impliquait. On pouvait donc dire<br />

qu’il y avait de nouveaux indigènes « conservateurs » et des<br />

indigènes « radicaux » issus de vieilles familles de colons. Et<br />

cette ligne de partage des eaux coïncidait occasionnellement<br />

avec l’origine ethnique ou <strong>la</strong> nationalité, quand elle conservait<br />

pour les nouveaux venus une importance, même minime. Un<br />

soir, alors que Art se trouvait avec deux d’entre eux, un avocat<br />

du gouvernement global et un anarchiste qui soutenait toutes<br />

les propositions d’autonomie locale, il les interrogea sur leurs<br />

origines. Le père du globaliste était pour moitié japonais, pour<br />

un quart ir<strong>la</strong>ndais et un quart tanzanien ; du côté maternel, sa<br />

grand-mère était grecque, et les parents de son père étaient<br />

respectivement colombien et australien. Le père de l’anarchiste<br />

était nigérien et sa mère hawaïenne, de sorte qu’il avait des<br />

ancêtres philippins, japonais, polynésiens et portugais. Art les<br />

regarda : s’il avait fallu les c<strong>la</strong>sser dans un groupe d’électeurs<br />

ethniques, comment s’en serait-on sorti ? C’était impossible.<br />

C’étaient des indigènes martiens, nisei, sansei, yonsei – de<br />

quelque génération qu’on veuille, ils étaient essentiellement le<br />

produit de leur expérience martienne. Ils étaient aréoformés,<br />

comme Hiroko l’avait toujours prédit. Ils choisissaient parfois<br />

un conjoint de <strong>la</strong> même souche ethnique ou nationale, mais ce<br />

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