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Mars la bleue

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Maya et Boone hur<strong>la</strong>ient de rire. Les gens dans le tram les<br />

regardaient, certains en souriant, d’autres de travers. Ann<br />

constata que Francesca avait les drôles d’yeux tachetés de sa<br />

grand-mère. C’était tout ce qu’on retrouvait de Nadia chez elle.<br />

Elle ressemb<strong>la</strong>it plus à Art, mais pas beaucoup non plus. Une<br />

beauté.<br />

Ils arrivèrent à l’arrêt de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Un abri pour <strong>la</strong> pluie, un<br />

kiosque, un restaurant, un parking pour les bicyclettes, des<br />

routes de campagne qui s’enfonçaient dans l’intérieur des terres<br />

et un <strong>la</strong>rge sentier qui coupait à travers les dunes couvertes<br />

d’herbe vers <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge. Ils descendirent du tram, Maya et Ann<br />

crou<strong>la</strong>nt sous les sacs pleins de serviettes et de jouets.<br />

Le ciel était couvert et il y avait du vent. La p<strong>la</strong>ge était<br />

presque déserte. De longues vagues défer<strong>la</strong>ient en diagonale sur<br />

le rivage. Elles se brisaient au <strong>la</strong>rge sur des bancs de sable que<br />

marquaient des lignes b<strong>la</strong>nches, tranchées. La mer était sombre,<br />

les nuages gris perle dessinaient comme une arête de poisson<br />

sous le ciel morne, couleur <strong>la</strong>vande. Maya <strong>la</strong>issa tomber ses<br />

sacs. Boone et elle coururent vers l’eau. Plus loin le long de <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ge, à l’est, Odessa se dressait sur sa colline, sous un trou dans<br />

les nuages, et les petites maisons b<strong>la</strong>nches bril<strong>la</strong>ient sous le<br />

soleil. Des mouettes tournaient dans le ciel en quête de<br />

nourriture, les plumes ébouriffées par le vent du <strong>la</strong>rge. Un<br />

pélican p<strong>la</strong>nait juste au-dessus des vagues. Plus haut vo<strong>la</strong>it un<br />

homme-oiseau. Ann pensa à Zo. Les gens mouraient si jeunes,<br />

autrefois… dans <strong>la</strong> quarantaine, <strong>la</strong> trentaine, à vingt ans, à dix<br />

ans. À cet âge, on ne pouvait pas savoir ce qu’on ratait. Des<br />

gamins fauchés comme des grenouilles par le gel. Ça pouvait<br />

encore arriver. À tout moment l’air pouvait vous cueillir et vous<br />

tuer. Mais c’était accidentel. Les choses étaient différentes<br />

aujourd’hui, il fal<strong>la</strong>it l’admettre. À moins d’un accident, ces<br />

enfants auraient probablement une durée de vie normale. Il<br />

fal<strong>la</strong>it lui <strong>la</strong>isser ce bénéfice, à cette époque, les choses ne se<br />

passaient pas trop mal de ce point de vue. Une vie bien remplie.<br />

Il fal<strong>la</strong>it lui <strong>la</strong>isser ce bénéfice.<br />

Les amis de Nikki avaient dit qu’il va<strong>la</strong>it mieux éviter de<br />

<strong>la</strong>isser leur fille, Tati, se rouler dans le sable parce qu’elle avait<br />

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