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Mars la bleue

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décapotable. Il resta debout à l’arrière, entre Sax et Maya, pour<br />

tout voir. Dans <strong>la</strong> lumière aveug<strong>la</strong>nte, il y avait des centaines,<br />

des milliers de gens qui portaient des tenues stupéfiantes, des<br />

soies fluorescentes, rose, violet, bleu canard, doré, aiguemarine,<br />

des bijoux, des coiffes de plumes, des…<br />

— C’est le carnaval, lui dit quelqu’un, depuis le siège avant de<br />

<strong>la</strong> voiture. Nous nous déguisons pour le carnaval. Et aussi pour<br />

fêter <strong>la</strong> Découverte, le jour où Christophe Colomb a touché l’île.<br />

C’était <strong>la</strong> semaine dernière, mais nous avons poursuivi les<br />

festivités en votre honneur.<br />

— Quel jour sommes-nous ? demanda Sax.<br />

— Le Jour de Nirgal ! Le onze août.<br />

La voiture avançait lentement dans les rues pleines de gens<br />

qui les acc<strong>la</strong>maient. Certains étaient vêtus comme les indigènes<br />

avant l’arrivée des Européens et poussaient des c<strong>la</strong>meurs<br />

démentes, leurs bouches rose et b<strong>la</strong>nc dans leurs faces brunes.<br />

Des voix musicales, à croire que tout le monde chantait. Leurs<br />

accompagnateurs par<strong>la</strong>ient comme Coyote. Il y avait des gens<br />

dans <strong>la</strong> foule qui portaient des masques de Coyote, des visages<br />

crevassés, convulsés, des têtes en caoutchouc qui faisaient des<br />

grimaces dont même Desmond Hawkins aurait été incapable. Et<br />

des mots… Nirgal pensait avoir rencontré sur <strong>Mars</strong> toutes les<br />

déformations possibles de l’ang<strong>la</strong>is, mais il avait du mal à<br />

comprendre ce que disaient les gens, sans trop savoir pourquoi :<br />

l’accent, <strong>la</strong> diction, l’intonation. Il suait à grosses gouttes et il<br />

avait pourtant l’impression d’être brû<strong>la</strong>nt.<br />

La route pleine d’ornières menait, entre deux murailles<br />

humaines, vers un bref escarpement. Derrière se trouvait une<br />

zone portuaire, maintenant immergée sous une eau peu<br />

profonde. Les bâtiments se dressaient dans les f<strong>la</strong>ques de<br />

mousse sale, bercée par des vagues invisibles. Tout un quartier<br />

changé en pataugeoire, les maisons pareilles à des moules<br />

géantes mises à nu, certaines éventrées, l’eau c<strong>la</strong>potante entrant<br />

et sortant par leurs fenêtres, des barques montant et descendant<br />

entre elles comme le flotteur d’une ligne à pêche. Les plus gros<br />

bateaux étaient amarrés à des <strong>la</strong>mpadaires ou des poteaux<br />

électriques à <strong>la</strong> lisière des constructions. Plus loin, des bateaux<br />

aux voiles auriques gonflées par le vent donnaient de <strong>la</strong> gîte sur<br />

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