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Mars la bleue

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empreinte forte dans <strong>la</strong> mémoire. La pensée symbolique. Les<br />

gens aimaient les rapprochements. Sax le savait. Il passait<br />

beaucoup de temps à Sabishii, avec Michel et Maya. Les gens<br />

aimaient les drames. Maya plus que les autres, sans doute, mais<br />

ils avaient une valeur d’exemple. Des cas limites. Il s’inquiétait<br />

de l’influence qu’elle avait sur Michel. Michel ne donnait pas<br />

l’impression d’aimer <strong>la</strong> vie. La nostalgie, des mots grecs nostos,<br />

« retour » et algos « douleur ». La douleur du retour. Une<br />

description très précise. Malgré leurs zones de flou, les mots<br />

pouvaient parfois être très précis. C’était un paradoxe apparent,<br />

mais quand on regardait comment fonctionnait le cerveau, ce<strong>la</strong><br />

en devenait moins surprenant. Un modèle de l’interaction de<br />

l’esprit avec <strong>la</strong> réalité physique, un peu flou sur les bords. La<br />

science devait l’admettre, même si ça n’interdisait pas d’essayer<br />

de comprendre les choses !<br />

— Viens avec moi, procéder à des observations sur le terrain,<br />

disait-il à Michel.<br />

— Bientôt.<br />

— Concentre-toi sur le moment présent, suggérait Sax.<br />

Chaque instant a sa réalité propre. Son eccéité. On ne peut pas<br />

prévoir, mais on peut expliquer. Ou tout au moins essayer. Si on<br />

est observateur, et avec un peu de chance, on peut dire : c’est<br />

pour ça que ça arrive ! C’est très intéressant.<br />

— Dis donc, Sax, je ne te savais pas poète !<br />

Sax ne sut que répondre. Michel était encore plein de son<br />

immense nostalgie.<br />

— Prends le temps de venir sur le terrain, dit-il enfin.<br />

Quand l’hiver était doux et les vents cléments, Sax faisait du<br />

bateau dans le sud du golfe de Chryse. Le golfe d’or. Le reste de<br />

l’année, il ne quittait pas <strong>la</strong> péninsule. Il partait de Da Vinci à<br />

pied ou dans un petit véhicule où il pouvait passer <strong>la</strong> nuit. Il<br />

procédait surtout à des observations météorologiques, mais<br />

évidemment il ne pouvait s’empêcher de tout regarder. Sur<br />

l’eau, il demeurait assis tandis que le vent gonf<strong>la</strong>it <strong>la</strong> voile et le<br />

poussait d’une anfractuosité de <strong>la</strong> côte à une autre. Sur terre, il<br />

conduisait le matin, cherchait un bon endroit, s’arrêtait et<br />

mettait pied à terre.<br />

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