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Mars la bleue

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— Il pourrait lui permettre de sortir. De se promener dehors<br />

sans casque, et même sans masque.<br />

— Tu crois que c’est ce qu’elle veut ?<br />

— Je pense que tout le monde en a envie, à un niveau ou à un<br />

autre. Au niveau du cervelet. L’animal qui est en nous, tu sais.<br />

Ça paraît normal.<br />

— Je ne sais pas si Ann est très en phase avec ses sentiments<br />

animaux.<br />

Sax rumina un instant. Tout à coup, le paysage s’obscurcit.<br />

Ils levèrent les yeux. Le soleil était un disque noir entouré<br />

d’une faible lueur, peut-être <strong>la</strong> couronne so<strong>la</strong>ire. Tout autour,<br />

des étoiles bril<strong>la</strong>ient.<br />

Soudain, un croissant de feu les obligea à détourner le<br />

regard. C’était <strong>la</strong> couronne. Ce qu’ils venaient de voir était<br />

probablement l’exosphère illuminée.<br />

Le paysage plongé dans l’obscurité s’éc<strong>la</strong>ira à nouveau.<br />

L’éclipsé artificielle avait pris fin. Mais le soleil était nettement<br />

plus petit que quelques instants auparavant. Le vieux bouton de<br />

bronze du ciel martien ! On aurait dit un ami revenu les voir. Le<br />

monde était plus sombre, toutes les couleurs de <strong>la</strong> caldeira<br />

avaient pris un ton plus soutenu, comme si des nuages<br />

invisibles avaient masqué le soleil. Une vision très familière, en<br />

fait – <strong>la</strong> lumière naturelle de <strong>Mars</strong> retrouvée après vingt-huit<br />

ans.<br />

— J’espère qu’Ann a vu ça, fit Sax.<br />

Il éprouva une soudaine sensation de froid, tout en sachant<br />

fort bien que <strong>la</strong> température de l’air n’avait pas eu le temps de<br />

baisser. Et puis, il portait un scaphandre. Mais il ferait plus<br />

froid. Il songea avec tristesse aux fellfields disséminés sur toute<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, à quatre ou cinq kilomètres d’altitude, et plus bas,<br />

aux <strong>la</strong>titudes moyennes et supérieures. À <strong>la</strong> limite du possible,<br />

tout un écosystème avait désormais commencé à mourir. Une<br />

perte d’ensoleillement de vingt pour cent : c’était pire que<br />

n’importe quelle ère g<strong>la</strong>ciaire terrestre ; ça ressemb<strong>la</strong>it plus à<br />

l’obscurité consécutive aux grands événements qui avaient<br />

éteint toute vie sur Terre : les événements de <strong>la</strong> fin du Crétacé,<br />

de l’Ordovicien et du Dévonien, ou pire, <strong>la</strong> catastrophe du<br />

Permien, à l’issue de <strong>la</strong>quelle près de quatre-vingt-quinze pour<br />

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