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Mars la bleue

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entourés de champs et de vergers s’accrochaient au sol comme<br />

des essaims, comb<strong>la</strong>nt les vallées, couvrant les collines qui<br />

formaient l’épine dorsale de l’île. Il y avait plus de quarante<br />

millions d’habitants sur l’île, et pourtant elle n’avait pour ainsi<br />

dire pas changé. Il y avait plus de vil<strong>la</strong>ges, c’est tout, construits<br />

pour se fondre non seulement dans ceux qui existaient, mais<br />

aussi dans les anciens comme Gournia et Itanos. Un urbanisme<br />

p<strong>la</strong>nifié sur cinq mille ans, en continuité avec ce premier pic de<br />

civilisation ou ce dernier pic de <strong>la</strong> préhistoire, d’une telle<br />

immensité que même <strong>la</strong> Grèce c<strong>la</strong>ssique l’avait entrevu, mille<br />

ans plus tard. La transmission orale en avait assuré <strong>la</strong><br />

survivance dans le mythe de l’At<strong>la</strong>ntide ainsi que dans <strong>la</strong> vie de<br />

tous ceux qui leur avaient succédé – jusque sur <strong>Mars</strong>, dans les<br />

noms utilisés à Dorsa Brevia. Parce que cette culture valorisait<br />

le matriarcat arianéen, un lien s’était établi entre <strong>Mars</strong> et <strong>la</strong><br />

Crète. Beaucoup de Martiens se rendaient en Crète pour visiter<br />

les sites antiques, et de nouveaux hôtels avaient été construits à<br />

une échelle légèrement supérieure, afin d’accueillir les jeunes<br />

pèlerins de haute taille qui faisaient le tour des lieux saints :<br />

Phaïstos, Gournia, Itanos, Malia, Zakros, maintenant sous l’eau,<br />

et même <strong>la</strong> ridicule « restauration » de Knossos. Ils venaient<br />

voir comment tout avait commencé, au matin du monde.<br />

Comme Zo, p<strong>la</strong>ntée dans <strong>la</strong> lumière égéenne d’un bleu<br />

éblouissant sur une allée de pierre de cinq mille ans, les échos<br />

de cette grandeur entrant en elle, dans les pierres rouges,<br />

spongieuses, sous ses pieds, dans son propre cœur. Cette<br />

noblesse ne finirait jamais.<br />

Mais le reste de <strong>la</strong> Terre, c’était Calcutta. Enfin, pas tout à<br />

fait. Seule Calcutta était vraiment Calcutta. Une humanité<br />

fétide, dense au dernier degré. Où qu’elle aille, dès qu’elle<br />

sortait, Zo avait au moins cinq cents personnes dans son champ<br />

de vision, souvent des milliers. La vue de ces rues grouil<strong>la</strong>ntes<br />

avait quelque chose de terriblement exaltant. Un monde de<br />

nains qui se col<strong>la</strong>ient contre elle comme de petits oiseaux se<br />

précipitant vers le parent qui al<strong>la</strong>it les nourrir. Zo admettait<br />

toutefois que <strong>la</strong> ruée était généralement plus amicale que ça, née<br />

de <strong>la</strong> curiosité plus que de <strong>la</strong> faim – en fait ils semb<strong>la</strong>ient plus<br />

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