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Mars la bleue

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On pouvait toujours apprendre le <strong>la</strong>ngage propre au domaine<br />

étudié. Ce qui pouvait être une tâche formidable en soi, comme<br />

dans <strong>la</strong> théorie des cordes ou du chaos recombinatoire en<br />

cascade. On pouvait étudier <strong>la</strong> littérature traitant de <strong>la</strong> question,<br />

en espérant trouver le travail syncrétique d’un chercheur qui<br />

avait bien étudié les dernières controverses et était capable de<br />

fournir au profane un compte rendu cohérent de l’état des lieux.<br />

Ce travail de synthèse, effectué par des savants courageux et<br />

appelé « vulgarisation scientifique », était considéré comme un<br />

passe-temps guère valorisant, mais n’en demeurait pas moins<br />

fort utile pour les gens du dehors. Ce survol (ou plutôt cette<br />

vision souterraine, les savants qui s’investissaient vraiment<br />

dans le domaine étant souvent perdus dans les combles ou les<br />

caves de l’édifice) permettait ensuite d’appréhender les articles<br />

des revues spécialisées ou « publications scientifiques », où les<br />

travaux en cours étaient révisés par ses pairs, et dûment<br />

enregistrés. On pouvait lire les résumés, voir qui s’attaquait à<br />

quelle partie du problème. C’était si public, si explicite… dans<br />

tous les domaines, les gens qui étaient vraiment dans le coup et<br />

réalisaient des avancées constituaient un groupe spécial, d’une<br />

centaine de personnes tout au plus, souvent composé d’un<br />

noyau de génies de <strong>la</strong> synthèse et de l’innovation qui ne<br />

comptait pas plus d’une douzaine d’individus dans tous les<br />

mondes habités. Des gens obligés d’inventer un nouveau jargon<br />

pour traduire leurs visions, qui commentaient les résultats,<br />

suggéraient de nouvelles voies à explorer, se donnaient<br />

mutuellement du travail, se rencontraient à des conférences et<br />

communiquaient par tous les moyens à leur disposition. Le<br />

travail avançait dans les <strong>la</strong>boratoires, au bar après une<br />

conférence, au fil du dialogue entre ces gens qui savaient où ils<br />

al<strong>la</strong>ient, menaient <strong>la</strong> recherche pure et réfléchissaient aux<br />

expériences.<br />

Cette immense culture structurée, articulée, s’éta<strong>la</strong>it au<br />

grand jour, était accessible à quiconque vou<strong>la</strong>it s’y intéresser, ou<br />

y travailler s’il en était capable. Il n’y avait pas de secrets, pas de<br />

<strong>la</strong>boratoires fermés, et si chaque <strong>la</strong>bo, chaque spécialisation<br />

avait sa politique, ce n’était que de <strong>la</strong> politique ; elle ne pouvait<br />

matériellement affecter <strong>la</strong> structure, l’édifice mathématique de<br />

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