26.06.2013 Views

Mars la bleue

Mars la bleue

Mars la bleue

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

allure, à croire que ses quadriceps s’étaient mués en é<strong>la</strong>stiques<br />

géants. Il était fatigué.<br />

Sur une plinthe, à gauche de l’escalier, était ménagée une<br />

étendue p<strong>la</strong>te d’où on avait une vue en enfi<strong>la</strong>de sur le long et<br />

étroit canyon en dessous. Il s’assit sur une pierre aussi<br />

accueil<strong>la</strong>nte qu’un fauteuil. Il y avait du vent. Il déploya le<br />

champignon transparent de sa petite tente dans le crépuscule et<br />

chercha de quoi manger dans son paquetage. Il en tira un sac de<br />

couchage, une <strong>la</strong>mpe et un lutrin patinés par des années de<br />

bons et loyaux services et aussi légers qu’une plume. Tout<br />

compris, son nécessaire de survie pesait moins de trois kilos. Et<br />

chaque chose était là, à sa p<strong>la</strong>ce – le réchaud, <strong>la</strong> nourriture et <strong>la</strong><br />

gourde.<br />

Le crépuscule passa avec une majesté hima<strong>la</strong>yenne tandis<br />

qu’il se préparait une soupe lyophilisée, assis sur son sac de<br />

couchage, adossé à <strong>la</strong> paroi transparente de <strong>la</strong> tente, tout à <strong>la</strong><br />

volupté de reposer ses muscles <strong>la</strong>s. Encore une belle journée.<br />

Il dormit mal cette nuit-là, se leva en frissonnant dans le vent<br />

froid qui précédait l’aurore, rembal<strong>la</strong> ses affaires en vitesse et<br />

repartit en courant vers l’ouest. Il sortit du chaos d’Aromatum<br />

et arriva à <strong>la</strong> baie de Ganges. Il continua à courir, l’étendue bleu<br />

sombre de <strong>la</strong> mer sur sa gauche. Les longues p<strong>la</strong>ges étaient<br />

adossées à de <strong>la</strong>rges dunes de sable, couvertes par une herbe<br />

courte sur <strong>la</strong>quelle il était facile de courir. Nirgal suivait son<br />

rythme en regardant tantôt <strong>la</strong> mer, tantôt les forêts de <strong>la</strong> taïga à<br />

sa droite. Des millions d’arbres avaient été p<strong>la</strong>ntés le long de<br />

cette côte afin de stabiliser le sol et d’éviter les tempêtes de<br />

sable. La grande forêt d’Ophir était l’une des régions les moins<br />

peuplées de <strong>Mars</strong>. Rares étaient ceux qui y étaient allés au cours<br />

des premières années de son existence, et personne n’y avait<br />

jamais imp<strong>la</strong>nté de ville. Les épais dépôts de poussières et de<br />

fines ne facilitaient pas les voyages. Maintenant, ces dépôts<br />

étaient un peu fixés par <strong>la</strong> forêt, mais les cours d’eau étaient<br />

bordés par des marécages et des sables mouvants, et les bancs<br />

de lœss non stabilisé provoquaient des ruptures dans les<br />

frondaisons. Nirgal restait à <strong>la</strong> lisière de <strong>la</strong> forêt et de <strong>la</strong> mer, sur<br />

les dunes ou entre les plus petits arbres. Il franchit<br />

514

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!