Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 2 – Une approche inductive et réflexivetactique en tentant d’orienter le chercheur dans le sens de leurs propres intérêts et projets (ne pasdivulguer certains faits en interne ou en externe, bloquer un changement organisationnel nondésiré, etc.) (ibid.). Ces réactions traduisent le fait que les observés ne perçoivent pas l’observateurcomme neutre, mais qu’ils lui affectent nécessairement « une place », ce qui a été expliqué par lesanthropologues G. Devereux (1980) et J. Favret-Saada (1977) sous le terme de « transfert », ettransposé aux sciences de gestion par J. Girin (1990). Ces rapports observateur – observésinfluencent inexorablement la construction des données.L’analyste doit « donc comprendre au plus vite quelle est cette place (ou cet ensemble de places),afin de lui référer l’observation réalisée et de « décoder » ainsi ce qu’on lui donne à voir »(Arnaud, 1996 : 249). Il peut éventuellement ne pas s’en contenter et essayer d’en proposer uneautre aux sujets observés, et « d’en assumer la portée » ajoute J. Favret-Saada (1977) qui pourétudier la sorcellerie dans le bocage normand a compris qu’ « il n’y a pas de place pour unobservateur non engagé » et qui a dû se laisser prendre elle-même dans le phénomène qu’ellevoulait étudier.L’approche du terrain a été au début plutôt facile à la TdV. L’accueil par ses membres a semble-tilété une « juste mesure » entre un a priori favorable envers une nouvelle doctorante lié à laculture scientifique de la TdV, et une certaine indifférence face à un doctorant de plus, parmi lesnombreux doctorants et étudiants qui travaillent en lien plus ou moins fort avec l’organisation.Pendant la phase exploratoire du terrain, cette posture était assez confortable : les membres de laTdV accueillaient plutôt ouvertement cet interlocuteur qui s’intéressait à leur travail, à leurscontraintes, etc. Toute la documentation demandée à toujours été mise à notre disposition etnous pouvions également accéder aux réunions internes en tant qu’observateur – avecparticipation passive, en tout cas silencieuse. A cette période, la « place » que nous détenions dansl’organisation convenait et semblait laisser assez d’espace pour bâtir le questionnement, lesdonnées et les premières analyses.C’est plutôt au cours de la seconde phase de terrain que le sens de cette notion de « place »accordée à l’observateur est devenu patent. Paradoxalement, nous constatons d’un côté uncertain processus d’ « internalisation », pour reprendre le terme de J-M. Plane (2000 : 53) à proposdu chercheur intervenant : notre nom est apparu sur l’organigramme, la présence aux réunionsest presque naturelle - « Ah ? tu n’y étais pas ? » -, nous sommes parfois nous-même informateursur les connaissances générales de la TdV. D’un autre côté, le passage d’observateur à participationpassive à observateur à participation intentionnelle n’est pas simple. Il y a certes eu une discussiond’ajustement avec le directeur général où il a été entendu que nous devions intervenir et ne pas97