Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementalechoses » (TdV, com.pers., 2010). Il s’agit en somme d’un travail relationnel considérable à envisagersur le long terme : les rencontrer, « rester à l’apéritif après les interventions scientifiques » (lorsque lesscientifiques accompagnent les chasseurs pour faire des prélèvements), envoyer des photos desurvol et des courriers aux propriétaires, « pour obtenir les infos, les tableaux de chasse, il faut la confiance,des années et des années ».« Rétablir les relations » peut paraître comme un objectif trop simple pour être stratégique. Enréalité, plusieurs objectifs stratégiques sous-tendent ces efforts relationnels. Trois objectifs sousjacentspeuvent être distingués, bien qu’ils soient tous très liés et ne puissent être hiérarchisés. Lepremier est d’obtenir des informations sur les pratiques et sur ce « qu’il se passe plus généralement enCamargue ». Comprendre ce qui se passe est nécessaire à la fois pour la recherche scientifique etpour développer une action adaptée à destination de ces acteurs. Le monde de la chasse estobscur et complexe comme le confirme ce chargé de mission du PNRC (com.pers., 2008) : « Lemonde de la chasse est un peu particulier, c’est le dernier volet sur lequel on a du mal à intégrer les acteurs locaux.Même quand on parle avec des chasseurs [au sein des commissions du PNRC], ils vont facilement parlerd’eau ou de pêche, mais dès qu’on parle de chasse, ils nous disent « ah non moi je suis pas représentatif c’est tropcompliqué ». On leur dit « donnez-nous des gens représentatifs », car pour pouvoir discuter avec les gens, il fautqu’ils soient représentatifs. Et là, même entre eux, ils ont du mal à savoir qui peut les représenter, et comment çapeut se faire ».L’idée des scientifiques de la TdV et de l’ONCFS porteur de ce programme sur les gibiers d’eauet de chasse est justement de s’appuyer sur ces différents profils de chasseurs pour recréer desliens entre le monde de la chasse et le monde de la protection de la nature. « Les chasseurs ne sontpas un bloc. On ne peut pas parler de LA chasse. Parmi les chasseurs, il y en a qui sont idéologiquement etpratiquement plus proches de la TdV que d’autres chasseurs ». « Il faut casser cette image des blocs, bloc chasseurs,bloc naturalistes. C’est ça que j’essaie de faire ». Car si les chasseurs et les naturalistes ne s’accordent passur les quantités et les dates de mise en eau, ils sont des alliés objectifs sur la mise à dispositiond’habitat pour les oiseaux d’eau. « La chasse, c’est mieux que ce qui se passe autour [urbanisation àl’ouest et au nord, industrialisation à l’est]. Et en même temps, ça en fait une protection en occupant l’espace.C’est « moins pire » que s’il y avait de l’agriculture, ou pas de fréquentation du tout » (Scientifique TdV,com.pers., 2010). « Les naturalistes et les chasseurs sont face à face par rapport à des questions qui sontimportantes mais qui restent presque anecdotiques par rapport à des phénomènes beaucoup plus lourds. Tu peuxprélever ou ne pas prélever. Mais là il y aurait une alliance forte pour protéger les espaces ». Les naturalistes etles chasseurs se trouvent à se battre pour ce qu’il reste 117 . En effet, bien que la Camargue117 « Un chercheur de l’Université de Bourgogne disait comme ça : « pendant que le chasseur et le naturaliste se battent, l’agriculteur est entrain de labourer la parcelle pour laquelle ils sont en train de se chamailler » » (Scientifique TdV, com.pers., 2010).169