Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesLe commentaire de ce tableau (Tableau 3.3) nous permettra de conclure cet exemple del’évolution de la gestion des Salins de Beauduc. Pour cela, rappelons au préalable que l’enjeu de laTdV, qui négociait auparavant directement avec l’entreprise exploitante pour le travail sur leterrain, est de ne pas y perdre, voire d’y gagner dans le changement de propriété et deconfiguration de gestion des Salins de Beauduc. Ne pas y perdre, cela signifie pour elle deconserver le même niveau d’accès au terrain et la même liberté de développer des travauxscientifiques et techniques. Y gagner signifierait déployer des travaux scientifiques et techniquessur une problématique nouvelle, celle de la reconversion d’un espace, où les enjeux deconservation sont forts : les salins constituent un vaste espace propice à une avifauneemblématique (flamants roses, plusieurs espèces de laro-limicoles) et à une flore typique desmilieux méditerranéens. Y gagner signifie en outre bénéficier de ressources supplémentaires(financières, ce qui se traduit en « équivalent temps plein » de personnel) pour mettre en œuvreces programmes scientifiques et techniques.Cet exemple donne donc à voir non pas le déploiement d’une stratégie d’action au sens fort faceà l’exploitant qui a une stratégie de blocage sur le terrain – la TdV n’a aucune prise pas rapport àcet « acteur sectoriel » – mais un jeu stratégique au sein de l’Ensemble agissant pour l’Environnement 110(EAE).Pour négocier le maintien de sa place dans la gestion du site (décision des orientations de gestionet accès au terrain), la TdV met en avant un positionnement scientifique, à travers la propositiond’un programme de recherche à mener. Cette posture vise pour la TdV à gérer ce qui est vucomme étant des relations de « coopétition » dans la littérature en gestion des entreprises (Yami& Le Roy, 2007), lorsque les parties ont besoin de coopérer malgré la concurrence qui existeentre eux sur d’autres plans. Ici, le PNRC cherche à asseoir son statut de gestionnaire enCamargue 111 et donc à « marquer son territoire » vis-à-vis de la TdV qui était présente avant luisur le site des Salins de Beauduc. Parallèlement, le PNRC a besoin de l’expertise de la TdV,n’ayant que peu d’expérience dans le domaine et reconnaît sa légitimité sur ce plan : « la TdV estspécialiste de la gestion des ZH », « ce sont des naturalistes très pointus » (chargés de mission PNRC, com.,pers., 2008, 2009). L’assise scientifique dont dispose la TdV et son anticipation sur les recherches110 Cette notion d’Ensemble agissant pour l’Environnement que nous retrouverons au chapitre 5 désigne les acteursqui agissent intentionnellement ensemble sur un même dossier. Cela nous permet de désigner plus spécifiquementles situations où la coordination entre ces Acteurs d’Environnement est un enjeu (ce qui ajoute un niveau d’analysesupplémentaire par rapport aux relations (plus ou moins directes) qui existent de fait au sein de la gestionintentionnelle des systèmes de gestion considérés). Notons cependant que pour l’une comme pour l’autre dessituations, une analyse des jeux stratégiques entre acteurs d’environnement s’impose pour comprendre l’actionenvironnementale de l’ONGE comme le montre l’exemple des Salins de Beauduc.111 Conclusion d’entretiens avec des chargés de mission du PNRC en 2008 et 2009.164