Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 1 – Cadre théorique et méthode pour l’analyse stratégique de l’ONGE« stimuli » auxquels sont soumis les acteurs. Si on file la métaphore des signaux nerveux, onimagine qu’il faut, de la même manière, que la somme des signaux unitaires atteigne un seuil pourque le potentiel d’action soit créé. C’est sans doute l’accumulation de signaux auquel participel’analyste qui va amener l’interlocuteur à lui-même solliciter une séance de réflexion.Nous laissons là temporairement cette discussion qui sera poursuivie à la fin de ce chapitrelorsque nous en viendrons aux formes de restitution des analyses. Le chercheur connaît d’autresdifficultés dans la conduite de l’enquête qualitative, notamment lié à sa posture. « Dans uneenquête par questionnaire ou par entretien, ou encore dans un document soumis à analyse, cesont effectivement les acteurs de terrain eux-mêmes qui rapportent ce qu’ils ont vu ou voienthabituellement à telle occasion qui intéresse l’étude. Or un phénomène ne saurait se laisserréduire à ce que les « participants » peuvent bien en dire » (Arnaud, 1996). L’interviewé peut avoirtendance, de façon consciente ou non, à mettre en œuvre des tactiques pour garder un contrôlesur les données informatives produites. Cela peut se manifester par de la non-information(rendez-vous annulés, retards…), de la surinformation ou de la désinformation (bluff,comportements « séducteurs », aiguillage du chercheur vers des voies de garage ou sur des faussespistes, etc.) (Arnaud, 1996 citant Riveline & Maheu, 1983 ; Girin, 1987). Ce phénomène rendcrucial l’effort que l’analyste doit investir dans le recoupement et dans la triangulation qui est unprincipe clé pour l’analyse du matériau constitué par l’exercice de l’entretien (Olivier de Sardan,1995b).S’efforcer de trianguler est également une façon d’éviter de s’en remettre démesurément à un« informateur privilégié ». D’après J-P Olivier de Sardan (ibid.), « il est impossible de se passerd’informateurs privilégiés, et pour de multiples raisons. Parce que les affinités personnelles jouentun rôle important dans la recherche de terrain. Parce que d’un thème de recherche à l’autre, d’un« problème » à l’autre, les compétences locales varient et sont inégales. Parce que les capacités decommunication du chercheur avec chacun, et vice versa, sont très variables. Parce que tous lesconsultants et tous les récitants ne se valent pas, en termes de qualité ou de quantitéd’information » (ibid. : 18). Pour s’en émanciper, la « tactique » mise en œuvre a été de lesmultiplier. Au début de la recherche, l’informateur privilégié était le directeur général de la TdVavec qui l’accord sur ce travail de thèse avait été passé. Rapidement, nous avons cherché àinstaurer ce que l’on pourrait appeler un dialogue permanent avec plusieurs autres membres de laTdV. Ceci a été facilité par des opportunités pratiques – par exemple le co-voiturage, le partaged’un bureau – qui permettent d’entretenir des discussions dans la durée. Avec d’autres, cesrelations ont pu se tisser sur le simple fait que nous étions considérée comme la personne86