Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementaleLa TdV a commencé à travailler sur la faune aquatique dans les années 1970. En 1983, leschercheurs travaillant sur ces thématiques ont découvert la présence d’un parasite (Anguillicolacrassus) pour la première fois en France (Chercheurs TdV, com.pers., 2009), peu après la premièredétection au nord de l’Europe en 1981. Depuis sa place dans la communauté scientifique, la TdVa contribué à l’avancée des découvertes sur les facteurs potentiels du déclin de la populationd’anguilles. Elle a en effet poursuivi les recherches sur les effets du parasitisme : dans les années90, ses chercheurs ont pu montrer que les anguilles atteintes d’Anguillicola crassus connaissaientune atrophie de leur vessie natatoire et un taux de lipide plus faible (de 15 à 20% contre 30%pour une anguille adulte saine) (Chercheurs TdV, com.pers., 2009). Ces connaissances viennentcompléter d’autres recherches européennes ayant montré que ces modifications physiquesrendaient les anguilles trop faibles pour le parcours des 5000 km jusqu’au lieu de reproductiondans la mer des Sargasses. Face à un problème aussi insaisissable tant au niveau de sa gravité quede l’ampleur géographique à laquelle il se joue, la TdV a participé à l’effort de recherche qui apermis la mise à jour de ce problème et l’avancée de premiers éléments d’explication.Cette recherche « d’avant-garde » a pu également montrer son utilité au moment où le problème aété pris en charge au niveau politique. En effet, le déclin de la population d’anguilles a fait l’objetd’un règlement 83 européen en 2007 afin de reconstituer le stock. Les Etats européens devaientmettre en place des plans de gestion anguille nationaux pour fin 2008, dont l’objectif est un tauxd’échappement de 40% de la biomasse d’anguilles argentées 84 . Le Plan de gestion anguillenational et le Plan de gestion anguille Rhône-Méditerranée consultés nous enseignent que lespremières contraintes sont d’ordre scientifique : un des principaux problèmes réside dans lemanque de connaissance sur la biomasse et l’échappement effectifs des anguilles argentées. Orc’est ce taux d’échappement (de 40%) qui est l’objectif des mesures indiquées dans les plans degestion. Il n’y a alors rien d’étonnant à ce que la plupart des travaux et actions prévus soient denature scientifique et technique, mais si les études scientifiques sont un préalable nécessaire àl’action, elles doivent avancer le plus rapidement possible pour espérer voir la mise en place demesures de gestion pertinentes, dès la première phase d’application du plan de gestion, ou dans la83 Règlement R(CE) n°1100/2007 du Conseil des ministres du 18 septembre 2007, publié au Journal Officiel del’Union Européenne du 22 septembre 2007. Le règlement européen est une « loi communautaire » applicabledirectement dans tous les états membres sans que ces derniers aient besoin de la traduire dans les textes nationaux. Ila la particularité de créer un même droit dans toute la Communauté sans tenir compte des frontières et d’être valableuniformément et intégralement dans tous les états membres. Son applicabilité est directe.84 L’article 2.4 de ce règlement stipule que « l’objectif de chaque plan de gestion est de réduire la mortalité d’origineanthropique afin d’assurer avec une grande probabilité un taux d’échappement vers la mer d’au moins 40 % de labiomasse d’anguilles argentées correspondant à la meilleure estimation possible du taux d’échappement qui aurait étéobservé si le stock n’avait subi aucune influence anthropique » (Valadou et al., 2008 : Sauvegarde de l’anguille, unrèglement européen).131