Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 1 – Le cadre d’analyse stratégique de l’organisation à finalité environnementaleC’est un outil heuristique pour découvrir les processus qui sous-tendent et constituent le systèmed’action organisé.3. Les relations entre acteurs sont appréhendées en termes d’interdépendance et de pouvoir.Dans un système d’action organisée, ou plus largement en société, chaque acteur a besoin del’intervention d’autrui dans la poursuite de ses propres intérêts. Le « pouvoir », indissociable del’interdépendance, est « la capacité d’une personne A d’obtenir qu’une personne B fasse quelquechose qu’elle n’aurait pas fait sans l’intervention de A ». M. Crozier et E. Friedberg (1977 : 65)s’appuient sur cette définition de R. Dahl (1957) qui instaure le caractère relationnel du pouvoir(le pouvoir n’existe pas en soi mais toujours dans la relation) sans préjuger ni de l’essence de cepouvoir, ni du caractère conflictuel ou coopératif de cette relation. Ce pouvoir est le médiumd’échange de ces relations négociées entre acteurs d’un système. Le comportement stratégique del’acteur consiste à utiliser au mieux son pouvoir au regard de ses intérêts. Pour cela, sa marge deliberté lui permet de négocier sa participation en contraignant les autres membres del’organisation à satisfaire ses exigences (stratégie offensive). Elle lui permet également d’échapperà la contrainte d’autrui par la protection de cette marge de liberté (stratégie défensive). Dans cetteperspective, l’analyse doit s’attacher à déterminer « quelles sont les ressources qu’un acteur peuteffectivement mobiliser dans une relation de pouvoir et quel est leur degré de pertinence » (ibid. :77).4. L’ensemble de ces relations et interactions entre acteurs constituent l’organisation ou lesystème d’action organisée. Les stratégies des acteurs comme le système d’action organisé qui enrésulte sont donc contingents. Ces stratégies apportent peu à la compréhension des systèmesd’action organisée si elles sont envisagées indépendamment les unes des autres, la démarche derecherche doit au contraire s’appliquer à déterminer comment les stratégies des acteurs et leursarticulations conduisent au maintien du système d’action et à sa modification constante. Lesauteurs passent par la notion de jeu, avec ses règles et les modifications de ses règles par lesparticipants. Ils définissent le jeu comme le « mécanisme concret grâce auquel les hommesstructurent leurs relations de pouvoir et les régularisent tout en leur faisant – en se laissant – leurliberté. » (ibid.: 113).La stratégie croziérienne ne revêt pas la même signification que celle que nous avons développéejusqu’ici. Une discussion sur le terme est un moyen d’expliciter la manière dont nous mobilisonsla sociologie de l’action collective de Crozier et Friedberg pour notre travail sur les ONGE etl’action environnementale.55