Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 1 – Le cadre d’analyse stratégique de l’organisation à finalité environnementaleenvironnementales concrètes que l’analyse stratégique croziérienne nous est indispensable. A cetégard, nous profitons de l’évolution même de la théorie. Le lecteur familier avec l’analysestratégique de Crozier et Friedberg sait en effet que c’est une théorie de l’organisation qui s’estélargie à l’action organisée (organisation formelle ou informelle) 30 par sa force et les perspectivesqu’elle a elle-même ouvertes. Des travaux de recherche s’inscrivant dans des problématiques degestion de l’environnement ont déjà mobilisé cette approche stratégique des systèmes d’actionorganisés, pour analyser d’une part, des dispositifs internationaux de prise en charge del’environnement (Leroy, 2004), et d’autre part, des dynamiques territoriales de gestion forestière(Taravella, 2007). Dans la suite du texte, nous prendrons garde à minimiser la confusion ensignalant lorsque le terme de stratégie est utilisé dans un sens croziérien renvoyant aux rapportsd’interdépendance et de pouvoir qui sous-tendent les relations négociées des acteurs. Et nousnous autoriserons à ne l’utiliser qu’en considération de l’intention de l’acteur sur le systèmecomme fondement de cette stratégie de l’acteur. Ce système est pour nous le système de gestionenvironnemental 31 , constitué de l’ensemble des acteurs ayant directement ou indirectement uneinfluence sur l’objet environnemental visé. Cette notion de jeu – qui permet d’établir les liensentre les stratégies individuelles des acteurs appartenant au système – amène à découvrir lestermes de leur interdépendance. En le replaçant dans le point de vue de l’acteur d’environnement,on se pose la question suivante : sur quel acteur du système et comment l’acteur d’environnementpeut-il et doit-il exercer son pouvoir pour pousser le premier à faire ce qu’il estime pertinent pourune gestion favorable de l’environnement ?Bien que notre travail s’inscrive dans la même perspective que celle de M. Leroy (2004) et R.Taravella (2007) cités plus haut, notre mobilisation de l’analyse organisationnelle croziérienne estdifférente. De leur côté, elle est utilisée pour démêler les fils de la gestion effective des systèmesde gestion étudiés, et dans la dialectique gestion effective / gestion intentionnelle. Dans notre cas,c’est pour analyser la gestion intentionnelle que nous allons nous en saisir. En effet, notreproblématique centrée sur l’action environnementale de l’ONGE dans le système de gestion nouspousse à porter une attention particulière à la construction souvent collective de ces actions. LesONGE agissent rarement de manière isolée : dans le jeu auquel elles participent, elles cherchent àassocier d’autres acteurs pour renforcer leurs capacités et l’impact de ces actions. L’actioncollective n’est cependant pas appréhendée comme un travail d’équipe naturel dont chaqueparticipant poursuit exactement le même but. « L'action collective ou organisée n'est pas un30 Les fondements théoriques de l’approche ont été précisés par E. Friedberg dans les deux premières parties duPouvoir et la règle (1997[1993]).31 Le « système de gestion environnemental » est expliqué dans la partie 1.1 de ce chapitre.57