Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 4 – Le projet de conservation d’une zone humide dans un programme internationalde la doctrine. En effet, le Plan GIZC n’a pas pu être élaboré à partir des productions desgroupes de travail (bien qu’elles y aient été intégrées), mais est surtout basé sur le diagnosticsocio-économique et la méthode du consultant national chargé de ce travail. En effet, l’équipelocale a proposé d’utiliser le budget restant pour contracter un consultant pour la rédaction duPlan GIZC (Coordinatrice régionale, com.pers. 2010). Un enseignant-chercheur de l’Universitéd’El Jadida a été recruté par le MATEE parce qu’il avait déjà réalisé le Plan de gestiond’Essaouira et de M’diq en lien avec la Cellule Littoral nationale et qu’il était externe à la zone,son indépendance devant favoriser la validation par les acteurs locaux (Cellule littoral nationale,com.pers., 2009). Lors de la présentation du Plan GIZC, les acteurs présents ont reproché auconsultant de n’avoir rencontré aucun acteur susceptible d’être concerné par les mesures qu’ilcontenait. Il s’est défendu d’avoir élaboré « un rapport dans un bureau » puisque 3 réunionsspécifiques avaient eu lieu (entre novembre 2008 et janvier 2009) pour la rédaction et la validationpar les acteurs locaux de ce rapport.En somme les acteurs qui ont passivement (par leur absence ou par le fonctionnement cloisonnéde leurs institutions) résisté au projet reprochent à l’équipe locale et au consultant de s’êtreautonomisés pour mener à bien toutes les étapes du projet. « Les plans de gestion, c'est fait dans lebureau. On nous a collé des actions qui ne correspondent pas à nos prérogatives. Elles ne seront pas réalisées »(Chargé des ZH au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts de l’Oriental, com.pers., mars 2009).« Ce n’est pas un plan de direction pour nous, on ne peut pas les suivre, et quand on voit les montants que celareprésente ! » [l’interviewé évoque ici les montants élevés que coûterait la mise en place des mesuresproposées dans le plan GIZC]. « De toute façon, il n’y a pas d’action prévue pour nous dans le Plan GIZC,alors qu’on gère du territoire, le consultant aurait pu venir nous voir ! » (Chargé de la mise en place del’Agenda 21, IRATEO, com.pers., mars 2009). Au final, le Plan GIZC a été élaboré presque sansla participation des administrations et des différents acteurs sectoriels. Les personnes interrogéesdans les différentes administrations expliquent ainsi l’impossibilité pour elles de prendre encompte les mesures proposées dans le Plan GIZC car il est élaboré de façon externe etcomplètement en dehors des procédures de planification propres à ces administrations. Commenous l’avons vu, le projet n’a en effet pas accès à ces administrations et pas de prise sur leursprocédures de planification interne.Un autre phénomène vient renforcer cette absence de prise sur les administrations : elles peuventêtre elles-mêmes partenaires de projets internationaux de développement ou de développementdurable. Leur propension à participer à d’autres projets en est d’autant plus réduite. « Dans le PlanGIZC, on trouve des actions pour l’Agence de Développement de l’Oriental. Mais c’est l’ADO qui développe le213