Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Conclusion généralezone côtière au Maroc dans le cadre d’un programme international, le développement d’undispositif d’interface sciences et politique. Nous avons abordé le terrain à l’aide d’uneméthodologie associant trois modes de construction des données (Friedberg, 1997[1993] ; Olivierde Sardan, 1995b) : l’enquête qualitative en interne et en externe de l’organisation, l’analysedocumentaire et l’observation in situ. Nous retiendrons trois résultats principaux de ces analyses.1. La TdV agit pour influencer directement ou indirectement la gestion des ZH avec une stratégie collaborative.La TdV est une ONGE qui se veut jouer un rôle dans l’accompagnement des acteurs vers unemeilleure gestion, adoptant une stratégie collaborative. L. Mermet, J-M Dziedzichi et Y. Laurans(2001) ont pu constater que beaucoup d’ONGE avaient tendance à adopter des stratégiesconciliantes en se spécialisant dans l’expertise. C’est aussi l’évolution des modes d’engagementdes scientifiques observé par C. Bonneuil (2004 ; 2006a), qui se positionnent davantage dansl’aide à la décision que dans le portage militant de leurs travaux. Nous avons cependant observéque le mode d’action ancré dans l’expertise scientifique pouvait au contraire donner àl’organisation des capacités d’interventions stratégiques. Depuis une analyse politique, N. Berny(2005) montre que l’expertise est une des ressources fondamentales pour accéder auxnégociations, y compris lorsqu’il s’agit d’enjeux de protection de la nature et des territoires, où lesautres acteurs vont faire valoir leurs propres savoirs relatifs aux espaces concernés. Plusgénéralement, l’expertise est selon T. Princen et M. Finger (1994) un des éléments d’où lesONGE tirent la légitimité qui leur est indispensable pour agir.A partir d’un ancrage scientifique et d’une action qui ne désigne que de façon très générale lesactivités et responsabilités effectives de la dégradation des ZH, et qui affiche l’apport d’uneexpertise pour co-construire des solutions pour la gestion, la TdV déploie des actions stratégiquesvisant à infléchir les logiques et les forces contraires à la conservation des zones humides et deleur biodiversité (par exemple le blocage de l’extension de la démoustication à la Camargue). Pourune ONG militante comme Greenpeace, l’absence de pointage des responsables pourraitapparaître comme un manque de diagnostic qui laisserait dubitatif quand à la capacité del’organisation à se confronter au problème. Pour la TdV, ce positionnement dans la scènepublique, qui consiste à parler plus des ZH et des facteurs de dégradation de façon générale(exemple de l’OZHM), est cohérent avec la place qu’elle a acquis et qu’elle veut conserver dans lesecteur de la conservation (organisme scientifique spécialiste), et les modes d’actionenvironnementale qu’elle est capable de mettre en œuvre. Ce rôle scientifique lui confèreégalement une ressource qu’elle utilise parfois pour négocier sa place dans l’ensemble agissantpour l’environnement (exemples de l’OZHM, de la reconversion des Salins de Beauduc).432