Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementalel’institutionnalisation de formes et de pratiques organisationnelles, mais qui peut être utilementprise en compte dans les ressources dont l’organisation a besoin pour mener à bien ses missions.En effet, dans la perspective stratégique qui est la nôtre, la légitimité est considérée comme uneressource à part entière, participant à l'attraction d'autres ressources (Tywoniak, 1998 ; Bessire,1999 ; Zimmerman & Zeitz, 2002) « nécessaires à la survie et à la croissance de l'entreprise(capital, technologie, managers, employés compétents, clients, réseaux) » (Buisson, 2005). Danscette perspective, la nature contextuelle de la légitimité devient cruciale. En effet, commel’explique M-L. Buisson (2005), la « légitimité est d'abord un jugement social (Zimmerman &Zeitz, 2002), une validation externe (Stone & Brush, 1996), accordée à l'organisation par sesparties prenantes (Ashforth & Gibbs, 1990) ». Il s'agit donc d'obtenir un consentement desmultiples acteurs présents dans le système social de l'organisation, qui désigne « l'environnementdans lequel [elle] exerce ses activités et auquel elle a besoin de démontrer sa cohérence »(Zimmerman & Zeitz, 2002). La légitimité n’est donc pas un absolu, mais une ressource quel’organisation veillera à préserver et développer à travers les différentes voies relationnelles qui larelient à l’externe.La nécessité d’être reconnu en tant que centre de recherche a été rapidement perçue par lefondateur dont le souci a été de constituer un conseil scientifique qui puisse formaliser ce statut(Guillet & Leroy, 2010). Dans les années 70, Luc Hoffmann s’est entouré d’un conseilscientifique composé de scientifiques reconnus, occupant des postes à responsabilités dans lesplus importants organismes de recherche en écologie en France ou à l’étranger. Ceci renvoie à ladimension réglementaire de la légitimité (Scott, 1995 : 151-152, cité par Buisson, 2005) selonlaquelle les organisations vont établir des structures formelles de fonctionnement (ici le conseilscientifique) et en respecter les règles (contrôle et orientation de l’activité de recherche). Si cerapprochement de la structure de la TdV à celle des instituts de recherche publics français esthistorique, la volonté en est toujours tangible, par exemple dans l’adoption récente (en 2009) destitres de postes utilisés dans les structures publiques (« chargé de recherche », « chef dedépartement »).Si l’on poursuit dans les catégories de légitimité proposées par Scott (1995), on s’aperçoit que ladimension normative – qui sont les « opinions favorables données par une organisation au sujetd’une autre constituant un vote de confiance dans l’organisation » au regard d’un système denormes et de valeurs (Zimmerman & Zeitz, 2002) – résonne assez fortement au contact del’histoire de la TdV. Quand la TdV a été fondée en 1954, les zones humides n’étaient pas encoreperçues comme des écosystèmes menacés. Luc Hoffmann, le fondateur, a lui-même participé à laconstruction du problème avec les biologistes et les naturalistes dont il s’était rapproché, en allant121