Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 1 – Le cadre d’analyse stratégique de l’organisation à finalité environnementaleles résistances au changement des acteurs du système de gestion effective » (Mermet et al., 2005 :130). Une distinction importante doit être apportée ici : le terme de stratégie a depuis longtempspénétré le monde de la protection de la nature et de l’environnement, mais il est généralementutilisé dans un sens faible.« C’est par exemple le cas dans la « Stratégie Mondiale de la Conservation » publiée parl’UICN en 1980. Pour important que soit ce document par maints aspects (à peu prèstoutes les doctrines d’action qui guident encore aujourd’hui l’action sur la biodiversité ysont déjà clairement mises en avant), il ne constitue pas à proprement parler une stratégiemais une liste de bons principes, de bonnes intentions, d’idées de mise en œuvre, etc. Eneffet, il ne mentionne aucun antagonisme, comme celui des acteurs des filières trèsdestructrices pour les écosystèmes face auxquels l’action stratégique est pourtantdécisive » (Mermet, 2010b).Concernant notre analyse de l’ONGE, l’appréhension de sa stratégie ne s’arrête donc pas à laconnaissance de son domaine d’action, mais sera bien focalisée sur la manière concrète dont elleva penser ses actions et les déployer au sein du système de gestion effective.L’ancrage des analyses et le travail sur des dispositifs concretsCette série de principes et de concepts clés que nous venons d’exposer ne peuvent produire deséclairages que sur des cas concrets. « Le principe de gestion est le contraire d’une source deréponse univoque. Il constitue plutôt une interpellation, qui impulse et structure en partie laréflexion. Il est aussi extrêmement générique et ne prend de signification précise qu’au contact desituations concrètes de gestion » (Mermet, 2006 : 283). Cet aspect a été notamment approfondipar le travail de M. Leroy (2006a) qui a développé un cadre d’évaluation des dispositifs annonçantla prise en charge de l’environnement, sur le cas de la gestion du fleuve Sénégal et qui a montréque la distance entre les annonces de protection de l’environnement et l’état constaté ne pouvaitêtre expliquée qu’en rentrant dans une analyse fine des dispositifs concrets de gestion. Cetteanalyse doit tenir compte de toutes les échelles auxquelles se jouent ces dispositifs, même si celadoit aller du local au global comme ceux qu’elle a étudiés, ceux-ci s’inscrivant dans desprogrammes internationaux d’aide au développement. En effet, bien que ces dispositifs de priseen charge de l’environnement puissent afficher des objectifs ambitieux qui peuvent convaincre deleur utilité pour l’amélioration de l’état de l’environnement, ce n’est que par l’analyse de leur effetconcret sur les systèmes naturels concernés que l’on peut éclairer la traduction pratique de cesannonces et mesurer leur apport ou non en termes écologiques. Outre la prise en compte desdifférentes échelles d’ancrage des dispositifs, M. Leroy a montré que l’analyse doit s’opérer dansune mise en tension d’une évaluation interne et externe de ces dispositifs. Elle explique en effet25