Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 2 – Une approche inductive et réflexiveconstant. Pour soutenir son action environnementale par notre travail, nous aurions pu êtretentée d’outiller la rationalisation de l’élaboration stratégique et de la construction des actions. Ilnous est très vite apparu que cette direction nous orientait sur des questions nombreuses etcomplexes, comme l’illustrent les différents aspects du mode d’existence des outils de gestion (Moisdon,1997) relatives aux conséquences de la mise en place d’outils de gestion dans une organisation.S’il doivent aider le pilotage de l’action collective (Hatchuel, 2000), ils peuvent aussi instaurer destensions en interne des organisations (Maugeri, 2001, Bourguignon, 2010), voir de l’inefficacité(Riveline, 1991) quand la démarche de rationnalisation dont ils sont porteurs est inadéquate.Voulant étudier l’élaboration et la déploiement de la stratégie de l’ONGE dans une perspectivede renforcerment de ses impacts écologiques, cette approche par les outils de gestion aurait étépour nous une voix trompeuse.C’est encore la pratique de l’approche organisationnelle d’E. Friedberg (1997[1993]) qui nous afourni le plus d’éléments, qu’il nous faut exposer et discuter.Si nous sommes soucieuse d’élaborer non pas des outils de gestion, mais des grilles et desconcepts mobilisables pour l’ONGE, l’apport principal prend avant tout la forme duraisonnement stratégique pour l’action environnementale. Partons de la manière dont E.Friedberg formule l’apport du raisonnement stratégique :« L'utilisation de l'approche organisationnelle dans un processus de changement reposesur un pari concernant l'impact d'un raisonnement sur la perception que les intéresséspeuvent avoir de leur champ d'action et des problèmes qui s'y posent, et à partir de cetteperception, sur leurs comportements. Ce sont le raisonnement et les analyses que celui-cipermet de produire et d'interpréter qui constituent ici le levier essentiel […]. C'est leraisonnement qui est ici la contribution essentielle de l'approche organisationnelle auchangement, en tant qu'il permet, d'une part, de produire une connaissance globale etconcrète et d'autre part, de guider une réflexion approfondie sur la signification desquestions et problèmes ainsi mis en évidence » (Friedberg, 1997[1993] : 358).Il y aurait dans cette démarche deux opérations à accomplir : d’une part, produire cetteconnaissance globale et concrète sur la structuration du système qu'il s'agit de transformer ; etd’autre part créer les conditions de communication et de diffusion de cette connaissance et ceraisonnement pour enclencher un « processus collectif et participatif d'autodiagnostic etd'autocorrection » (ibid. : 359).Avant de poursuivre, marquons une pause sur le terme de « changement ». Nous n’avons pasabordé notre problématique comme un problème de changement organisationnel. Lerenforcement de la stratégie et de l’action environnementale est un processus constant, sur lelong terme. Il ne s’agit pas de nier l’existence de périodes d’accélération ou de stagnation dans99