Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 1 – Le cadre d’analyse stratégique de l’organisation à finalité environnementale1. La construction de l’objet écologique, ou le but ultime de l’organisation. Comme nous l’avonsobservé dans le cas de CI, si la mission environnementale est fondatrice de l’ONGE, sa définitionet son expression sont loin d’être triviales et constituent une part non négligeable de son travail.Face à l’ampleur des enjeux environnementaux et la multiplicité des problèmes, elle doitinexorablement faire des choix et délimiter des objectifs environnementaux sur lesquelsconcentrer ses efforts. En théorie militaire et selon les trois grands principes 13 formulés par Foch,on parlerait de concentration des forces (Lorino & Tarondeau, 2006). T. De Mombynes et L.Mermet (2003) nous ont montré que ces objectifs environnementaux sont formulés à partir del’état des connaissances des phénomènes biologiques et techniques, mais s’inscrivent égalementdans un contexte politique qui influence la manière dont l’ONGE fixe les priorités écologiques,exprime, et publicise ses choix. Elle peut choisir de se concentrer sur des problèmes « admis », ouau contraire s’engager dans le portage d’enjeux dont certaines catégories d’acteurs s’évertuent àdémontrer l’inconsistance. Ses objectifs environnementaux sont donc stratégiques « dans le sensoù tout agencement des connaissances biologiques dans une optique de recherche finalisée sur laconservation s’effectue sur la base de schèmes qui renvoient aussi à des choix, même implicites,de stratégies d’action dans la sphère sociale, politique, économique » (ibid.). La construction del’objet écologique à conserver est centrale dans la stratégie de l’ONGE, tout en étantinterdépendante des trois perspectives stratégiques suivantes.2. Les modes d’action environnementale. Les modes d’action publique pour l’environnementrenvoient aux interventions de l’acteur d’environnement dans l’espace public, dans un système degestion, telles que nous les avons présentées dans l’exposé de notre cadre théorique de l’ASGE. Ils’agit de suivre la façon dont l’ONGE qui se serait saisie d’un problème d’environnementintervient « pour faire changer de comportement à certains acteurs, sachant que ses efforts vonttendre à induire des résistances délibérées et rationnelles au changement en faveur del’environnement » (ibid. : 18). Ses interventions de gestion intentionnelle sont de naturestratégique, au sens fort, si l’ONGE réfléchit « ses actions en pleine conscience des forces qu’ellea l’ambition d’infléchir et des résistances actives, réfléchies elles aussi, qu’elles sont susceptiblesd’opposer à la mise en gestion de l’environnement » (ibid. : 18). Cette lecture dialectique ne doitpas être perçue comme l’adoption d’une posture d’opposition systématique et frontale de l’acteurd’environnement dans toute situation. Encore une fois, les actions de l’ONGE sont au contraireune combinaison de négociations, d’alliances et d’oppositions qui dépendent des situations13 Concentration des forces, économie de moyens, mobilité.31