Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 1 – Cadre théorique et méthode pour l’analyse stratégique de l’ONGEsociété » insiste sur la ponctuation 56 très spécifique qu’opère, dans le continuum socio-écologique,l’opération particulière qui consiste à répondre à une question précise de responsabilité sur l’étatde l’environnement » (ibid. : 129). C’est seulement par cette posture normative que nous pouvonsmener une analyse critique fondée sur des critères explicites, situés, mais non subjectifs.Lorsqu’on travaille comme M. Leroy (2006a : 29) sur des dispositifs nationaux ou internationauxde prise en charge de l’environnement, ou comme dans notre cas sur une organisation fondée parsa mission environnementale, cela implique de prendre au sérieux les annonces sur lesquelles peutêtre déployée l’analyse critique – qui passe par la mise en tension d’un état de chose désirableavec un état de choses réel (Boltanski & Chiapello, 1999 : 69).Mener une recherche clinique, c’est-à-dire au plus près de l’ONGE pour produire un diagnosticde sa stratégie et identifier les leviers pour son renforcement, en replaçant les données construitesdans une analyse critique pourrait de prime abord paraître incommode. Mais cette impression nerésiste pas à la mise en pratique de cette démarche de recherche qui produit au contraire deséclairages à partir de cette tension liée à la dualité de notre posture d’étude clinique et critique.L’intérêt de cette tension apparaît à deux niveaux.1. D’une part, l’ONGE souhaite atteindre les objectifs environnementaux qu’elle s’est fixés.Notre démarche critique nous incite à prendre les objectifs environnementaux – état écologiquedes objets à rétablir – comme la référence pour l’analyse de la stratégie et de sa mise en œuvre. Cerepère critique s’avère nécessaire pour aider l’organisation dans le renforcement de son action etde ses impacts au regard des objectifs annoncés qui, comme nous l’avons expliqué, est unepréoccupation exprimée par la TdV elle-même comme par d’autres ONGE. Le repère critiquevient donc renforcer le cadrage pour une approche clinique. Ensuite, l’ONGE est jugée, par sesorganes de gouvernance, par la société, sur l’atteinte de cette mission. Notre approche critiquepourrait alors être perçue comme une pratique du jugement de l’ONGE. Au contraire, notredémarche clinique devant aider l’organisation à se renforcer pour atteindre sa mission est aussiune aide visant à la préparer à l’épreuve de jugement.2. D’autre part, l’ONGE n’a pas le pouvoir suffisant pour que l’état écologique des systèmes degestion où elle intervient ne repose que sur elle. On ne peut donc pas, de manière juste, la jugersur le degré de résolution des problèmes et l’état final des écosystèmes et des espèces qui font56 « Ce concept essentiel, emprunté aux travaux de l’école de Palo Alto (Watzlawick et al., 1977), désigne le choix parlequel un observateur, devant un enchaînement continu d’événements (causalité circulaire ou enchevêtrée, parexemple), fonde une ligne particulière d’analyse en désignant l’un des moments de l’enchaînement commepremier » (Mermet et al., 2005).94