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Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

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Chapitre 1 – Le cadre d’analyse stratégique <strong>de</strong> l’organisation à finalité <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taleEncadré 1.1 : Les quatre registres <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> l’ONGE. Le cas <strong>de</strong> Conservation International (DeMombynes & Mermet 2003)Première perspective : définir les zones prioritaires d’action, un problème <strong>de</strong> biologie <strong>de</strong> laconservationLe concept <strong>de</strong> hotspots, proposé par le biologiste N. Myers (1988), est d’abord issu <strong>de</strong> la biologie <strong>de</strong>la conservation. Il répond à la question <strong>de</strong> la prioritarisation <strong>de</strong> l’action : une partie <strong>de</strong> labiodiversité est <strong>en</strong>démique, c’est-à-dire ayant une aire <strong>de</strong> répartition limitée. Il faut donc agir là oùelle se trouve. A ce critère d’<strong>en</strong>démisme, le biologiste ajoute un critère « rationnel » : « la raisoncomman<strong>de</strong>, parmi les zones à forte biodiversité, <strong>de</strong> focaliser les efforts <strong>de</strong> conservation sur cellesoù la flore, la faune et les habitats sont les plus m<strong>en</strong>acés par l’évolution <strong>de</strong>s activités humaines ».La construction <strong>de</strong> la stratégie d’action <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale s’appuie d’abord sur <strong>de</strong>s donnéesbiologiques, mais aussi sur d’autres critères : « le poids donné à la notion <strong>de</strong> m<strong>en</strong>ace dansl’approche <strong>de</strong>s hotspots n’a pas seulem<strong>en</strong>t une portée et <strong>de</strong>s justifications biologiques. Il connoteaussi une urg<strong>en</strong>ce face à la crise, qui fait écho à la perception par le public et les médias <strong>de</strong>sproblèmes <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux (Lascoumes, 1994) », et qui révèle que la stratégie d’action estconstruite pour pénétrer aussi la sphère sociale, politique, économique.Deuxième perspective : choisir <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’action sur la scène publique, un problème <strong>de</strong>stratégie <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taleLes auteurs se sont <strong>en</strong>suite attachés à compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t CI s’appuyait sur ce concept <strong>de</strong> hotspotsune fois qu’elle avait défini les zones d’interv<strong>en</strong>tion prioritaires.A partir d’un exemple d’action dans un hotspot d’Asir <strong>du</strong> sud-est, ils montr<strong>en</strong>t que sous l’idée <strong>de</strong>hotspot qui gui<strong>de</strong> l’action, l’ONGE doit se donner les moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser et <strong>de</strong> surmonter lesoppositions à la protection <strong>de</strong> la biodiversité. L’action stratégique « repose sur une combinaison d<strong>en</strong>égociations, d’alliances, <strong>de</strong> moy<strong>en</strong>s d’action détournés, ne recourant aux oppositions frontales quele moins souv<strong>en</strong>t possible et seulem<strong>en</strong>t après <strong>en</strong> avoir au préalable ré<strong>du</strong>it la portée pour les r<strong>en</strong>dregérables ». Cet exemple révèle donc que le concept <strong>de</strong> hotspot ne donne pas <strong>de</strong> recette simple etmiraculeuse pour interv<strong>en</strong>ir dans les systèmes <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> et que l’ONGE doit assumer le fait que« chaque dossier appelle une stratégie particulière, conçue au regard <strong>de</strong> la configuration spécifique<strong>de</strong> la situation d’interv<strong>en</strong>tion ».Troisième perspective : construire une capacité d’action, un problème <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>torganisationnelSi la stratégie <strong>de</strong>s hotspots ne donne pas d’emblée toutes les clés pour agir dans <strong>de</strong>s situationscomplexes, les auteurs ont cep<strong>en</strong>dant découvert qu’elle avait <strong>de</strong>s implications très importante <strong>en</strong>termes <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t interne <strong>de</strong> l’organisation, ce qui est une <strong>de</strong>s dim<strong>en</strong>sions cruciales pourporter et développer l’action <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tale.En 2002, CI a moins <strong>de</strong> 15 ans mais emploie 1300 personnes (dont 350 à Washington) et travailledans plus <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>te pays sur quatre contin<strong>en</strong>ts. Les hotspots ont impulsé un réel développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>favorisant : la mobilisation et l’organisation. Ils « offr<strong>en</strong>t un concept simple, facile à expliquer, facileà compr<strong>en</strong>dre », et font preuve d’un pot<strong>en</strong>tiel sé<strong>du</strong>cteur capable d’attirer et <strong>de</strong> motiver les équipeset les financeurs : « son utilisation perman<strong>en</strong>te dans l’activité quotidi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> CI reflète son pouvoir<strong>de</strong> mobilisation interne, confirmant l’analyse <strong>de</strong> Collins et Porras (1996), qui soulign<strong>en</strong>t à quel pointla foi <strong>de</strong>s équipes d’une <strong>en</strong>treprise <strong>en</strong> son idéologie est une variable cruciale pour son succès ».Les auteurs ont égalem<strong>en</strong>t montré que les hotspots étai<strong>en</strong>t aussi un levier stratégique pour lastructure et la dynamique <strong>de</strong> l’organisation, ayant à la fois permis <strong>de</strong> « sceller l’alliance et lelea<strong>de</strong>rship <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux dirigeants, le biologiste et le passionné <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u fundraiser »autour <strong>de</strong> cette vision <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euriale ; <strong>de</strong> coordonner les changem<strong>en</strong>ts organisationnelsnécessaires au vue <strong>de</strong> la croissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’organisation.Si la stratégie <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t interne ne se résume pas à la mobilisation <strong>de</strong>s hotspots commeélém<strong>en</strong>t structurant et fédérateur, les auteurs ont montré, par l’analyse <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers dansles stratégies <strong>de</strong> CI, la nécessité <strong>de</strong> se p<strong>en</strong>cher sur leurs stratégies <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t organisationnelpour compr<strong>en</strong>dre l’action <strong>de</strong>s ONG.29

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