Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 2 – Une approche inductive et réflexiveun nouveau questionnement. L’évolution du questionnement n’est en réalité pas si séquentielle,mais au contraire très progressive, J-P. Olivier de Sardan (1995b) parle pour cela de récursivité del’entretien, en ce qu’il s’agit de s’appuyer sur ce qui a été dit pour produire de nouvelles questions.« Ces questions induites par des réponses sont aussi bien des « questions qu’on se pose » (niveaustratégique de l’évolution de la problématique) que des « questions qu’on pose » (niveau tactiquede l’évolution du canevas d’entretien) ». Cette récursivité de l’entretien s’inscrit en outre dans unedynamique itérative de l'enquête de terrain (comprenant non seulement les entretiens, mais aussiles autres méthodes de recueil d’information). L’auteur parle « d'itération concrète (l'enquêteprogresse de façon non linéaire entre les informateurs et les informations), ou d'itération abstraite(la production de données modifie la problématique qui modifie la production de données quimodifie la problématique) » (ibid. : 15).Cette première phase de terrain prépare donc peu à peu à une seconde phase qui est plusréflexive. Les entretiens sont conduits sur le mode de la discussion, entendue dans le sens dudébat, de l’échange d’arguments éventuellement contradictoires entre l’analyste et l’interviewés.La présence longue dans l’organisation et la possibilité de s’entretenir plusieurs fois avec lesmêmes personnes a facilité la réalisation de cette seconde phase pendant laquelle les entretiensont été centrés sur une ou deux questions. L’interlocuteur est invité à « épuiser » cette questionavec l’analyste, d’une certaine manière comme si les deux personnes étaient chargées de résoudreun problème en un temps limité. Les principales questions abordées par cette méthode ont été lessuivantes :- Le choix des objectifs environnementaux (les préoccupations, la connaissance des problèmesécologiques, plus généralement l’ensemble des facteurs influençant ces choix)- Les modes d’action (les doctrines auxquelles on se réfère comme la gestion intégrée, l’actiondans ou en dehors des espaces protégés, etc.) ;- L’évaluation des impacts (notamment sous l’angle des procédures d’évaluation).Ces « entretiens-discussions » ont quelques fois pris la forme de séances de réflexion réunissantun groupe restreint d’acteurs de la TdV. Nous les rapprochons plus de l’entretien que de ce quel’on appelle « l’observation participante » quand ces séances nous permettent de suivre « notreprogramme » ou notre canevas de la même manière qu’au cours d’un entretien bilatéral, même sices réunions n’ont pas toujours la caractéristique propre à l’entretien qui est d’être sollicité parl’analyste, mais par les acteurs eux-mêmes. Notons à ce propos qu’il est difficile pour l’analyste,qui tente d’observer la réaction des acteurs à la sollicitation de réflexivité qu’il exerce sur eux, dedistinguer la réaction aux « stimuli » qu’il a lui-même envoyés par rapport à l’ensemble des85