Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementaleconnexes à la recherche. Dans cette partie, nous allons donc nous consacrer plus directement àl’examen de ces différentes formes d’actions publiques, en étant attentif à la façon dont cesscientifiques s’y prennent pour formuler des recommandations de gestion et à leur manière de sepositionner dans les systèmes pour pousser à leur mise en œuvre. Parallèlement, nouscontinuerons à tenir compte de l’évolution des capacités (compétences scientifiques, réseau,légitimité) de la TdV au fil de ses interventions.4) Science appliquée et gestion du territoire : l’exemple du modèle hydrologique etde la participation aux commissions de gestion de l’eauNous commencerons par une explication sommaire du fonctionnement hydrologique du delta duRhône de manière à comprendre pourquoi une compréhension et une gestion partagées dusystème sont nécessaires. Nous aborderons alors les recherches scientifiques réalisées par la TdVdans ce domaine pour ensuite appréhender le rôle qu’elle joue dans la gestion de l’eau sur ceterritoire.Le delta du Rhône s’est formé au fil des siècles par des entraînements d’éléments grossiers et desédiments par le fleuve et le recouvrement de sédiments marins. Son fonctionnement naturel étaitrythmé d’une période d’inondation de septembre à mai, puis d’un assèchement estivalcaractéristique des milieux méditerranéens. Le delta est aujourd’hui fortement artificialisé depuisla construction de digues et de canaux à la fin du 19 e siècle. En 1869, les deux bras du Rhône – lepetit Rhône et le grand Rhône – sont endigués et le sud du delta est séparé de la mer par unedigue (digue à la mer) (Figure 3.3).La circulation de l’eau dépend depuis des interventions humaines, le plus souvent liées auxactivités qui ont alors pu se développer sur le territoire (Dervieux, 2005). En effet, ledéveloppement de la riziculture en Camargue après la seconde guerre mondiale s’est accompagnéde la mise en service d'une forte capacité de pompage dans les bras du Rhône (Chauvelon et al.,2003). Cette eau douce introduite pour la culture est ensuite renvoyée vers le fleuve et la mergrâce à l’installation de stations de pompage pour le drainage des terres agricoles. Cet équipementest nécessaire car « les forts volumes de drainage de la riziculture par submersion, associés le caséchéant à d'importantes pluies automnales, font qu'il n'est plus possible d'assurer le drainagegravitaire du système vers les étangs centraux du delta (Vaccarès et étangs inférieurs) sans risquerl'inondation des terres riveraines, car les ouvrages existants au niveau de la digue maritime(permettant la vidange vers la mer) ont une capacité souvent insuffisante et leur fonctionnementest de toute façon tributaire du niveau marin » (Rossechi et al., 2003). Cependant, la zone est de147