Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 3 – Réflexion stratégique et évaluation de l’impact de l’action environnementalepublique de problèmes nouveaux. Le choix des domaines d’action est en réalité un caractèrespécifique à chaque ONGE et semble être le produit d’une combinaison d’éléments internes – latrajectoire historique, les statuts et la gouvernance de l’organisation – et externes – l’avancée decertains problèmes sur la scène publique, un changement de configuration permettant des actionsnouvelles (adoption de loi, etc.).Par exemple, le programme quadriennal de l’organisation intergouvernementale UICN 183 est votépar ses membres gouvernementaux et non gouvernementaux. Les champs d’action peuvent alorsévoluer fortement d’un cycle à un autre, étant donné son modèle de gouvernance. Le secrétariatde l’UICN (environ 1000 salariés) s’attache néanmoins à orienter et organiser ses choix dedomaines d’action, il s’agit d’ailleurs d’une part importante de son travail et de son mode d’action.En effet, les formes d’intervention de l’UICN sont clairement construites sur cette particularitéde sa structuration : une organisation de membres. Ces membres influencent ses champs d’action– elle travaille « au service des gouvernements et de ses membres » (UICN Med, com.pers., 2008) – mais ilsen sont eux-mêmes les cibles. Sa stratégie de changement « part du principe que lesgouvernements conviennent de grandes priorités d’action par le biais de négociationsinternationales (passant souvent par des accords multilatéraux et environnementaux). L’UICNpeut influencer ces priorités en participant à ces négociations. Les grandes priorités ainsiconvenues doivent ensuite être adaptées aux réalités nationales et locales » (Programmeintersessionnel UICN 2009-2012, 2008). Plus synthétiquement, le premier directeur du bureauméditerranéen de l’UICN indique que les choix des thèmes sont raisonnés selon une série decritères : « 1) est-ce que l’UICN apporte une plus-value ? ; 2) Y-a-t-il une demande de la part des membres ? ;3) Le thème est-il porteur dans le contexte et en insertion dans le cadre (Convention, Plans régionaux, etc.) ? ; 4)Existe-t-il des bailleurs de fond prêts à payer ? » (Ex-directeur UICN Med, com.pers., 2008).Un deuxième exemple peut être apporté pour illustrer la spécificité de la façon dont sontraisonnés les domaines d’action dans les ONGE. Voyons le cas de Conservation International étudiépar T. De Mombynes et L. Mermet (2003). Dans cette organisation, c’est la construction d’unconcept de biologie de la conservation qui détermine les domaines d’action : le concept deshotspots qui a d’ailleurs beaucoup participé à la notoriété internationale de l’ONGE.La stratégie des hotspots a été proposée pour la première fois par le biologiste N. Myers (1988) etadopté par CI en 1990, trois ans après sa création, fondée sur deux critères permettant d’identifier183 L’Union Mondiale pour la Nature (UICN) est une organisation intergouvernementale établie par la Déclarationqui fut signée à Fontainebleau, le 4 octobre 1948. Elle compte actuellement 1056 membres de 84 Etats, 108organismes gouvernementaux, 831 ONG nationales et internationales et 33 membres affiliés (Programmeintersessionnel UICN 2009-2012, 2008, p 7). Bien que cette organisation ne soit pas une ONGE, l’analyse de l’actionet du rôle de son secrétariat alimente notre étude.334