Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementaleretrouver des milieux un peu plus salés et les objectifs des exploitants, c’était de vider le système le plus vite possible.Donc les gens se sont réunis » (Chargé de mission eau PNRC, com.pers., 2009). Elle n’a pas de statutofficiel, elle est néanmoins signalée dans la charte du PNRC depuis 1998 102 . Elle est présidée parun représentant de la Direction départementale de l’eau et de l’agriculture et animée par lesyndicat mixte du PNRC. Elle compte environ 20 participants représentants des collectivités, desassociations syndicales gestionnaires de réseaux hydrauliques, de la Réserve naturelle nationale,des socioprofessionnels, des scientifiques, qui se réunissent essentiellement pour décider desmanœuvres à opérer sur le pertuis où ont lieu les échanges étangs-mer.Le développement de cette commission où s’échangent savoirs scientifiques et information surles pratiques a permis d’augmenter la compréhension du système par ses gestionnaires (d’espacesnaturels et socioprofessionnels) et ainsi d’augmenter la cohérence des décisions de gestion. « Aufur et à mesure c’est une commission qui a pris de l’ampleur, de la légitimité et qui fonctionne bien. Tout le monden’est pas toujours content de toutes les discussions, mais on arrive à trouver un consensus grâce à un dialoguepermanent entre gestionnaires, utilisateurs des milieux et scientifiques. On a des scientifiques : du scientifique trèspointu et très spécialisé dans un domaine qu’on fait intervenir de façon ponctuelle en fonction de l’actualité, augestionnaire lambda, à l’acteur de base, qui n’a pas forcément la formation adéquate pour entendre tous les discoursmais qui va s’instruire, qui va comprendre le système et qui va s’enrichir des discussions de chacun. Donc c’est vraiqu’on est dans un cadre où les gens sont intéressés par le sujet et intéressés de comprendre aussi ce que veut direl’autre, comment ça fonctionne et qui s’enrichissent mutuellement. […] Il y a une auto-formation, une autoconstruction» (Chargé de mission eau PNRC, com.pers., 2009).L’apport de connaissances par les scientifiques, auquel la TdV contribue de façon substantielle, adéjà permis de faire changer certaines pratiques de gestion par le démenti de quelques idéesreçues. Dans leur article portant sur les évolutions de la CEDE, A. Dervieux et al. (2006)fournissent un exemple d’intégration tacite de la connaissance scientifique : « le réflexe dupêcheur est de fermer les vannes pour empêcher le poisson de retourner à la mer, ce qui estdiscutable en termes de gestion de la ressource halieutique, les lagunes étant des lieux de102 « La commission exécutive de l’eau comprend actuellement des représentants des collectivités, des associationssyndicales gestionnaires de réseaux hydrauliques, de la Réserve naturelle nationale, des socioprofessionnels, desscientifiques. L’animation et le secrétariat sont assurés par le Parc naturel régional de Camargue. Cette commissioninformelle est placée sous l’égide des services de l’Etat (DDEA) qui assurent la police de l’eau en Camargue. Outre lagestion courante des étangs notamment en termes de salinité et niveau d’eau, la commission exécutive de l’eau a pourmission de proposer des solutions préventives, d’urgence ou de post-crise, pour gérer les situations critiques pouvantporter préjudice à la sécurité des biens et des personnes, ou aux usages locaux. Depuis sa création en 1996, lesdécisions ont toutes été prises en concertation et à l’unanimité. Elles concernent essentiellement la problématiquedes échanges entre l’intérieur du delta et la mer, via l’ouverture ou la fermeture du pertuis de la Fourcade aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La commission exécutive se réunit de façon régulière (au moins 3 à 5 fois par an) » (Charte PNRC2010-2022 : 40).151