Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementaleLes capacités d’action dont dispose l’organisation n’ont pas de signification dans l’absolu : il nes’agit pas d’une quantité de ressources mesurables objectivement, mais d’une combinaison deressources humaines, financières, politiques, informationnelles, mobilisées toutes ensemble pourmettre en œuvre une action, comme nous l’indiquent les tenants de la théorie des ressources etcompétences (Lorino & Tarondeau, 2006). Elles n’ont pas davantage de stabilité dans le temps :les capacités de l’organisation peuvent varier en fonction de facteurs conjoncturels (tendance à laréduction ou l’augmentation du mécénat ou du financement dans le domaine del’environnement ; politique locale, etc.), internes (changements organisationnels afin d’optimiserles compétences ; turn-over dans les ressources humaines, etc.) et du déroulement des actions(nouvelles opportunités, renforcement ou acquisition de compétences, etc.). Le caractèredynamique des capacités d’action apparaîtra dans l’exposé des modes d’action liés à la recherchequi va suivre. Pour pouvoir en faire cette lecture, il est opportun de présenter au préalable lesprincipales ressources requises pour la conduite de cette activité de recherche pour laconservation. Nous nous concentrons pour cela sur quatre ressources qui appartiennent auxregistres stratégiques 64 du développement interne et de la dynamique externe de l’organisation(ici, l’insertion dans le monde de la recherche). Ces aspects – les compétences, les financements,la légitimité, le réseau – sont développés ici sous l’angle des enjeux qui se posent à l’ONGE vis-àvisde l’acquisition et du développement de ses capacités, ainsi que les choix stratégiques opérésdans ce sens.3.2.1 Acquérir et cultiver les compétences scientifiques pertinentes pour laconservation des zones humides méditerranéennesDans la présentation de la Tour du Valat (Chapitre 2), il est indiqué que l’organisation estofficiellement devenue un centre de recherche pour la conservation de la nature en 1974. Maisc’est en réalité presque depuis sa création en 1954 que les recherches sur différentes espèces ethabitats des milieux humides ont commencé. A cette époque cependant, le statut desscientifiques était beaucoup moins formel : des techniciens, des doctorants, des chercheursvenaient travailler avec la TdV, tout en appartenant ou non à différentes institutions scientifiques.Les collaborations de la TdV avec le CNRS ont déjà été évoquées : Luc Hoffmann a suggéré ungrand nombre de sujets de recherche, influencé des recrutements et même poussé à l’installation64 Parmi nos quatre registres stratégiques : objet écologique à conserver, mode d’action publique, développementinterne, place dans le secteur. Bien que les quatre dimensions soient interdépendantes, les deux premières serontétudiées de façon plus directe dans la section 3.3. Dans cette section 3.2, nous nous concentrons sur les deuxdernières dimensions stratégiques.115