Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 5 – La construction d’un dispositif d’interface science - politiqueUne fois le modèle proposé aux participants de l’atelier, ces derniers ont discuté de laconstruction du système d’indicateurs. Ce cadrage n’est en effet qu’une base qui est loin derésoudre les nombreux problèmes posés par l’élaboration de modèles conceptuels pour le suiviévaluationde l’environnement, ici des ZHM. Ces indicateurs, que H. Levrel appelle les« indicateurs de gestion des interactions société-nature » (2006 : 65), visent à rendre compte defaçon concise de phénomènes complexes. Un indicateur présente toujours un modèle de laréalité, non la réalité elle-même. Cette mise en forme par l’indicateur internalise de façoninhérente des débats d’ordre scientifique et technique, mais aussi politique et social. Ces questionsont été très étudiées tant sur le plan scientifique et technique où elles sont devenues un véritablechamp disciplinaire 158 , que sur le plan social et politique par la sociologie des sciences etnotamment à la suite de l’ouvrage séminal d’A. Desrosières (2000). Ici, notre préoccupationréside plutôt en aval, dans les démarches mises en œuvre par les porteurs du dispositif, pour leconsolider face aux enjeux de légitimité et de crédibilité qui sont les siens, et ainsi pouvoir en faireun outil d’action environnementale. Dit autrement, les experts participants doivent élaborer unsystème d’indicateurs permettant d’éclairer les responsabilités qui s’exercent dans la gestioneffective des ZHM et qui mènent à la dégradation voire la destruction de ces écosystèmes. Cetéclairage est la condition pour donner des prises et soutenir une action stratégique destinée àinfléchir ces forces allant à l’encontre du maintien d’un bon état des ZHM. Mais pour réellementdonner des prises solides à cette action, il faut en aucun cas que l’OZHM prête le flanc à desréactions d’opposition qui ne manqueront pas de remettre en question la fiabilité et la validité desinformations qu’il délivrera. Nous comprenons alors tout le caractère stratégique de cet effortinvesti afin de construire un système d’indicateurs de la plus grande qualité scientifique possible.Les experts participants à la construction de l’OZHM en général, et l’équipe de coordination enparticulier, travaillent en pleine conscience de cet état de fait. Les échanges ayant eu lieu lors del’atelier de février 2010 sur le modèle conceptuel de l’OZHM le montrent et on trouve unebibliographie sur le sujet dans le rapport sur la revue des conventions et programmes de C.Beltrame (2009). (1) Les participants sont vigilants sur le fait que les termes doivent être choisisavec une grande attention dans la mesure où les indicateurs que l’on y associe peuvent renvoyer àdes pressions, des impacts ou des états de l’environnement. (2) De plus, les cinq thèmes(comportant chacun plusieurs indicateurs, voir Tableau 5.1) doivent conserver une certainesouplesse dans le sens où ces indicateurs peuvent parfois apporter des informations à plusieursniveaux simultanément. (3) La dimension géographique des suivis sur lesquels sont fondés les158 Comme l’indique l’émergence de plusieurs revues spécialisées comme Ecological indicators.251