Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesdémarche méthodologique consistant à « prendre du recul par rapport aux textes nationaux et européens etêtre plus réactifs, se documenter dans d’autres expertises et dans la littérature scientifique, utiliser d’autres critèrescomme ceux de la liste rouge de l’UICN » (direction TdV, com.pers., 2010).Ainsi, la gestion d’un espace naturel est complexe par les questions écologiques qu’elle pose. Elleest encore davantage lorsqu’il faut composer avec d’autres acteurs, aux objectifs de gestionpotentiellement – voire le plus souvent – divergents. En effet, la TdV décide unilatéralementquant à la gestion de son domaine, où elle peut d’ailleurs continuer à développer son savoir-fairescientifique et technique pour la gestion. Mais son objectif est de participer à l’amélioration de lagestion d’autres espaces protégés (cas des salins développé ici) et d’espaces non protégés (cas dela gestion des marais de chasse développé à la section 7).Le cas des salins de Beauduc est très intéressant, à la fois par l’historique de l’investissement de laTdV sur ce site et par les événements actuels qui donnent lieu à une recomposition du jeud’acteurs sur ce territoire. Dans ce système d’action, nous allons voir que la TdV se sertnotamment de son assise scientifique pour conforter sa place et se donner le maximum de margede manœuvre dans l’objectif d’orienter la gestion de ce site.Les salins de Beauduc couvrent une zone de 6000 hectares au sud-est de la Camargue (Figure3.4). C’est à travers son travail sur les oiseaux d’eau, et notamment les flamants roses(Phoenicopterus roseus), que la TdV s’est intéressée à ce site dans les années 70. Plus précisément, laTdV a commencé à baguer des individus de cette espèce emblématique en 1950 dans l’objectif dedécrire la dynamique de ces populations (Isenmann, 2003 : 44). A cette époque, les flamants nenichaient qu’irrégulièrement en Camargue et le succès reproducteur était faible, faute d’îlotsadaptés aux besoins de leur reproduction. Les flamants colonisent des étangs saumâtres, le plussouvent littoraux (lagunes), où ils trouvent la crevette Artemia salina (qui leur donnent leur couleurrose). Pour la reproduction, ils ont besoin d’espace à proximité de ces étangs où ils pourrontédifier leurs nids. Sensibles au dérangement, et notamment à celui des prédateurs, les flamantsvont préférer des espaces isolés : des îlots. Par son suivi de l’espèce, les scientifiques de la TdVont pu mesurer l’impact de la disparition des habitats sur la dynamique de la population. Elle aentrepris, dans le cadre de son travail sur les habitats des zones humides, d’œuvrer pour la recréationet la gestion d’un site de nidification pour les flamants. Cet îlot, qui est depuis l’uniquesite de nidification de flamants en France 106 , a été aménagé sur les salins de Beauduc. L’activité106 La compagnie des Salins du Midi, sensibilisée à la conservation des oiseaux d’eau, et en réponse à la demandesociale de l’implication des entreprises commerciales dans le « développement durable », est en train de travailler àl’aménagement d’îlot de reproduction pour les oiseaux d’eau (sternes, flamants), mais la capacité d’accueil reste faiblepar rapport à l’étang du Fangassier.158