Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 5 – La construction d’un dispositif d’interface science - politiquedonné un nouveau souffle avec le concept des communautés épistémiques 146 . Nous n’investironspas les échelles interétatiques et la façon dont évoluent les cadres et les politiques relatives auxzones humides dans la gouvernance méditerranéenne pour nous concentrer sur la façon dont lesdispositifs d’interface science-politique peuvent s’ancrer dans les systèmes de décision et degestion. Cependant, la complexité des relations entre sciences et politiques se retrouve à toutes leséchelles – nous en avons eu quelques exemples « locaux » dans le chapitre 3, concernant lagestion ou encore la controverse autour de la démoustication en Camargue. Comme nousl’avions écrit à la suite de J. Theys, P. Roqueplo et J-C. Lefeuvre (1991), les sciences réduisent lesincertitudes et proposent diverses solutions, mais elles produisent simultanément de nouvellesincertitudes, appelant en partie des réponses de nature scientifique et technique. Parallèlement, lespolitiques demandent de plus en plus de certitudes pour justifier leurs décisions, comme si cellescipouvaient être prise uniquement sur des critères scientifiques et techniques durs et necomportaient pas une irréductible dimension de nature socio-politique, émanent d’un projet desociété. Ainsi, d’un côté, les scientifiques tentent d’apporter des réponses dont les politiquespourraient mieux se saisir et où de l’autre (Cortner, 2000), les politiques repoussent le moment del’arbitrage et du choix politique car toutes les incertitudes ne peuvent être résolues. Prenonsl’exemple du concept des « services écosystémiques » qui ont été érigés en nouveau problème clépour la prise en charge de la protection de l’environnement par l’Evaluation des écosystèmespour le Millénaire (MEA) (2005). Depuis, les scientifiques et les experts appellent à travailler surce concept qui « là va vraiment intéresser les décideurs » 147 , et permettre de vraiment faire avancerl’environnement dans les agendas politiques. De leur côté, les décideurs s’en saisissent mais encontinuant de déplorer l’incertitude 148 qui entoure ces nouveaux concepts et en repoussant lemoment de la décision et de l’adoption de mesures.146 Coalitions intellectuelles transnationales qui sont reconnues pour leur expertise dans un domaine précis quipartagent la même intersubjective understandings (compréhension collective du problème), qui porte une mêmeconviction normative et un même sentiment de responsabilité quant à l’action sociale et politique qui leur incombe(Haas, 1992).147 Intervention de D. Coates – CBD Environmental Affairs Officer, Inland Waters – lors du 3ième atelierinternational de l’OZHM le 7-10 février 2010 à la Tour du Valat, Arles. Intervention de L. Tubiana, directrice del’IDDRI : Introduction de la conférence Iddri – Fondation Hermes « Biodiversité 2010, et après ? », , le 16 février2010 au Musée du quai Branly, Paris.148 la Secrétaire d’état chargée de l’écologie Chantal Juanno a exprimé en février 2010 devant l’académie des sciences:« Quand j'interroge sur les espèces clés de voûte (celles sur lesquelles reposent les écosystèmes), on ne sait pasexactement me répondre. Quand il s'agit d'évaluer les services économiques rendus par la nature, on ne dispose quede vagues approximations. Comment notre propre ministère peut-il décider sans plus de lumière ? » (Le Monde, 26février 2010 148 ). http://www.lemonde.fr/planete/article/2010/02/26/face-a-l-erosion-de-la-biodiversite-la-francetatonne_1311674_3244.html231