Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesà la rencontre des instituts scientifiques qu’il a su, comme nous l’avons évoqué, attirer sur leterrain de la Camargue. Depuis, la TdV agit dans un contexte où la reconnaissance de laconservation des zones humides ne fait plus débat – les zones humides existent dans les cadresde la gouvernance internationale – , elle participe néanmoins au maintien du problème dansl’arène publique. Aujourd’hui, l’enjeu pour sa légitimité « normative » n’est donc plus tant dans ladémonstration du bien fondé de son objet, mais dans l’exposition de sa capacité à remplir samission. La légitimité « du résultat » a en effet investi le domaine de l’action publique qui alongtemps été fondée sur « le principe » ou « les valeurs ». Cette tendance est matérialisée par lagénéralisation d’une forme de contrôle basée sur l’évaluation (Duran, 1999 : 16, 168 ; Busson-Villa, 1999 ; Guillaume, 2009). Dans le domaine de la recherche scientifique, l’évaluationscientifique est inhérente à l’organisation même du secteur et prend plusieurs formes, comme lesprocédures d’examen par les pairs pour la soumission d’un article à une revue scientifique, lesprocédures de recrutement et d’affectation thématique d’un chercheur, ou encore de financementde programmes de recherche (Matzkin, 2009). Ces formes de légitimation par lesquelles la TdVpénètre la communauté scientifique contiennent un double enjeu pour l’organisation : celui, biensûr, de la reconnaissance lui donnant les capacités d’exercer et de développer cette activitéscientifique (capacité d’action), mais aussi celui de l’espace qui lui est ouvert pour exprimer lesproblèmes et les résultats scientifiques relatifs aux ZH qu’elle porte (action). L’évaluation prendégalement la forme d’une procédure instituée dans l’organisation pendant laquelle un comitéd’évaluation étudie la pertinence et l’avancement du programme de recherche d’un laboratoire. LaTdV met beaucoup d’application dans le respect de ces procédures, y compris à l’heure oùl’évaluation scientifique tend à se réduire aux indices bibliométriques (classement internationaldes revues) (Matzkin, 2009). La TdV organise en effet des évaluations de son programme à mi etfin de parcours de chacun de ses plans quinquennaux, qui sont jugées par les évaluateurs externeseux-mêmes « d’une pertinence et d’une qualité que l’on ne trouve plus toujours dans les instituts publics »(Evaluateur, Evaluation juin 2008). Le choix des évaluateurs et des membres du conseilscientifique revêt une importance majeure si l’on se souvient que la légitimité n’a de sens quedans la relation qu’elle favorise entre l’organisation et le système social dont elle est dépendante.Un grand soin est en effet porté à la composition de ces comités qui rassemblent des scientifiquesvenant d’instituts de recherche publics (directeurs de laboratoire d’écologie, chercheursspécialistes de différentes approches) ou des experts internationaux dans le domaine des ZH,c’est-à-dire des spécialistes habillés d’une certaine notoriété dont la TdV entend à raison profiter.On perçoit alors que le choix de s’imposer des procédures lourdes et coûteuses n’est pas anodinen termes de légitimité et d’ancrage de l’organisation dans le secteur scientifique. L’indice122