Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Conclusion générale2. Pour comprendre l’action externe de l’ONGE, il faut comprendre l’articulation des quatre registres stratégiques.Les choix de modes d’action pour intervenir dans l’espace public dépendent de l’objet écologiquevisé, des ressources et des compétences internes (expertises, connaissance du terrain) et externes(partenaires, accès à des réseaux et des informations), de la place dans le secteur de laconservation. Comprendre comment agit et peut agir l’ONGE demande d’aller voir, sur des casprécis, comment elle arrête ses choix et les met en pratique, en fonction des quatre registresstratégiques qu’elle doit mener de manière cohérente. Les stratégies de développement interne, depositionnement dans le secteur de la conservation et d’action environnementale n’ont pas de sensen elles-mêmes, et ce n’est qu’à travers leur articulation, entre elles et au regard de l’objetécologique visé, que l’on peut juger de leur légitimité et de leur pertinence. Cette lecturecontextualisée et articulant les quatre registres stratégiques nuance les critiques des ONG deconservation souvent fondées à partir de lectures centrées sur le développement interne desorganisations ou sur leurs discours (e.g. Dumoulin & Rodary, 2005 ; Chartier, 2006), sans remiseen perspective avec l’action de terrain.3. Les compétences « insertion dans le système de gestion » et le diagnostic du système de gestion effective sontdéterminants pour une action environnementale significative.Le cas du projet de mise en place de la Gestion Intégrée de la Zone Côtière (GIZC) au Marocillustre la faiblesse des marges de manœuvre dont dispose l’organisation lorsqu’elle agit en tantqu’opérateur d’un programme international et sa difficulté à mener le projet à bien. Ces margesde manœuvres auraient dû être augmentées par une connaissance préalable et une certaine analysedu terrain, ce à quoi s’est substituée l’application presque décontextualisée de la doctrine GIZCqui résiste mal à la rencontre des situations réelles. Ce cas d’étude nous a permis de dégager deuxéléments. D’une part, la façon dont l’ONGE réagit à un échec : la TdV travaille, dans unedynamique procédurale, à mettre en place des modalités d’action sur des sites en Méditerranéerespectant désormais l’exigence de la connaissance des terrains (nombre réduit de sites et contactslocaux fiables). D’autre part, et par comparaison avec les actions en Camargue étudiées, nousconcluons que la connaissance fine du système de gestion concerné, la présence sur le long termeet la capacité à saisir les opportunités d’action (faire émerger les stratégies des situations d’action,comme l’indiquent les auteurs du courant pratique, Golsorkhi, 2006) sont déterminantes pourproduire des changements significatifs en faveur des écosystèmes et de la biodiversité.Ces conclusions fondent les propositions que nous avons amenées à l’ONGE dans le cadre denotre démarche de recherche-intervention visant à produire un raisonnement stratégique ensoutien du renforcement de l’action environnementale.433