Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 7 – L’évaluation entre contrôle des activités et réflexion stratégiqueœuvre des activités indiquées dans le document de projet (TdV, com.pers., 2009 ; voir Chapitre4). Il s’agit d’une forme de contrôle de gestion exercée par le bailleur institutionnel mais l’apportde ces procédures – en termes de réflexion, de recul pour la conduite de projet – pourl’organisation porteuse du projet reste faible (TdV, com.pers., 2009) en raison de leur fortestandardisation ne tenant pas compte de la spécificité de chaque organisation (Jepson, 2005). Lapauvreté des éléments apportés par ces évaluations en termes d’analyse du projet etd’appréhension de ses impacts réels sont soulevés par les bailleurs institutionnels eux-mêmes(Vaessen & Todd, 2008 203 ) qui semblent prendre timidement conscience de la nécessitéd’améliorer ces procédures (Journée débat FFEM-CI, 2009).Par son activité scientifique, la TdV est également soumise aux évaluations qui régissent lefonctionnement du secteur de la recherche. La diffusion des savoirs produits passe en effetprincipalement par la publication d’articles scientifiques dans des revues à comité de lecture –chaque production scientifique est donc évaluée par les pairs. Ces revues sont elles-mêmesclassées, ce classement constitue les « standards » (Scriven, 1980 204 ) qui est aujourd’hui un descritères de jugement prépondérant de la production scientifique (Matzkin, 2009). Ces formesd’évaluation externes participent à l’insertion de l’organisation dans le secteur de la recherche – cequi est important dans le modèle français où les organismes de recherche reconnus sontprincipalement des institutions publiques – et plus spécifiquement dans les communautésscientifiques que la TdV cherche à investir.Nous tenons à évoquer ici ces formes d’évaluation seulement pour rappeler que la pratique del’évaluation est loin d’être une affaire interne de l’organisation, mais que cette dernière se meut aucontraire dans un espace sociopolitique imprégné de cette « idéologie » (Zarka 205 , 2009 ; Busson-Villa, 1999 ; Duran, 1999). Dans ce chapitre, c’est avant tout sur la pratique interne de203 « Recent studies have pointed out the lack of information on impact in existing end-of-project evaluations (GEF,2004, 2005). In addition, the same studies have reported that in general projects do not have adequate (standardized)reporting systems on biodiversity impact data ».204 Scriven (1980) définit l'acte spécifique d'évaluer selon une logique comprenant quatre opérations : 1. Établir lescritères (les éléments de l'objet qui seront évalués) ; 2. Élaborer les standards (le point de coupure entre un jugementfavorable et un jugement défavorable) ; 3. Mesurer la performance et la mettre en relation avec les standards ; 4.Synthétiser et intégrer les données pour ensuite porter un jugement.205 « Le terme « idéologie » est à prendre au sens qu'il a acquis depuis Marx : une vision du monde ou, plusmodestement, une représentation illusoire qui transforme et même inverse la réalité et qui, pourtant, suscite lacroyance ou l'adhésion. La réalité n'est pas ici simplement locale. Elle concerne l'ensemble des pratiques et desactivités qui s'inscrivent dans les institutions, les organismes, les établissements publics ou privés. L'idéologie del'évaluation se répand comme une traînée de poudre. Elle se déploie partout, aussi loin qu'il est possible d'aller. Ellene connaît pas de limite, ni d'âge (on évalue les enfants en maternelle), ni de secteur (l'enseignement, la recherche, laculture, l'art, etc., y sont soumis), pas même les dimensions les plus retirées de la personnalité, voire de l'intimité, desacteurs n'y échappent. Ainsi l'hôpital, la justice, l'école, les universités, les institutions de recherche, les productionsculturelles, l'accréditation de formes d'art, les politiques publiques sont investies par l'idéologie de l'évaluation »(Zarka, 2009 : 3).387