Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 3 – La recherche scientifique comme action environnementaledonnées constitué par la TdV 116 . Les données sont échangées, les suivis à long terme sonttoujours réalisés par la TdV, mais ce sont les ingénieurs de l’office qui vont le plus souvent sur leterrain. Plusieurs thèses sont co-financées par les deux organismes et co-encadrés par leursscientifiques respectifs. En somme, tout le travail réalisé dans le domaine est commun. Lepartenariat avec l’ONCFS est un des partenariats les plus étroits et durables de la TdV. Sastabilité est telle que les acteurs procèdent à la mise en commun de leurs moyens et utilisent leurspositions complémentaires pour agir dans le système plus large des acteurs concernés par lagestion des marais de chasse. Nous n’allons pas tarder à trouver des illustrations de ce couplagestratégique.Avant cela, nous voudrions exposer les différentes visions de la problématique cynégétique quiexistent en interne à la TdV, dont la présentation nous permettra plus loin de percevoir lecaractère stratégique des modes d’action mis en œuvre. Comme nous l’avons expliqué, lesspécialistes de l’écologie végétale ou de la gestion des ZH sont très sensibles à l’objectif deredonner de la place aux processus naturels dans le fonctionnement du delta. Face aux chasseursqui inondent leurs marais en été pour que les canards soient présents le jour de l’ouverture de lachasse, certains se sentent « face à un mur ». Différentes interventions ont été réalisées, parmilesquelles une réunion rassemblant les chasseurs (ou gestionnaires de propriété) pour lessensibiliser à la gestion « plus naturelle » des marais et de la richesse écologique qui s’y trouvepotentiellement. « C’était une manière de rentrer en discussion avec les chasseurs, comme quoi on n’est pascontre leur activité » (Scientifique TdV, com.pers., 2010). Un autre projet est celui de la gestionparticipative et démonstrative d’un marais de chasse. La TdV a confié la gestion des derniersterrains acquis à une association de village fondée dans cette optique (village du Sambuc prochede ces terrains). Un spécialiste de la gestion des ZH de la TdV reste très impliqué pourl’animation de cette zone appelé les marais du Verdier. Parmi les activités développées, une partiedes marais est dédiée à la chasse, mais selon un règlement et une gestion qui respectent les enjeuxde conservation (respect des lois concernant l’interdiction du plomb, assec estival, ouverture de lachasse en septembre). Les chasseurs adhérents sont associés aux interventions de gestion et ontpu constater en quelques années que « cette gestion qui ne coûte rien – car ce qui coûte c’est l’apport d’eau enété – permet de contrôler les espèces envahissantes (roseau, typha, jussie) et cela pour des tableaux de chassecomparables à d’autres propriétés » (Spécialiste gestion TdV, com.pers., 2010). Mais « les chasseurs ont untruc en tête : quand il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de canards. Et chaque année, ils demandent à mettre de l’eau116 « En Europe, le baguage des canards a connu son apogée dans les années 60, quand par exemple la Tour du Valaten France et le Wildfowl & Wetlands Trust en Grande-Bretagne baguaient plusieurs milliers de canards chaqueannée. Ceci a permis de constituer de très importantes bases de données, utilisées dès cette époque pour établir lespremières cartes de distribution » (Guillemain et al., 2010).167