Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 7 – L’évaluation entre contrôle des activités et réflexion stratégiquedes services publics, […] reprenant à son compte un idéal gestionnaire de l’entreprise privée,faisant de la comptabilité et plus particulièrement du contrôle des résultats, l’un de ses fers delance » (Naro, 2010 : 186). Concernant la TdV, les indicateurs dont il s’agit sont des indicateursdavantage qualitatifs, centrés sur l’action et pas imaginés dans la perspective de les relier auxindicateurs et outils comptables qu’elle utilise par ailleurs – bien que ceux-ci ne soient pas sansinfluence sur les programmes et les choix d’actions 213 , puisque nous avons vu que l’organisationdevait faire des choix d’action dans la limite de ses moyens.D’un autre côté, on se trouve dans le domaine de l’environnement qui est également un champoù les indicateurs prolifèrent. Les auteurs s’intéressant à ces questions expliquent comment lesindicateurs se sont développés avec les politiques environnementales et notamment celle duDéveloppement Durable (Boulanger, 2004 ; Levrel, 2006 ). « Les indicateurs Pression-Etat-Réponse (PER), [créés au départ par l’OCDE dans le courant des années 90 214 ], permettentd'évaluer les pressions que les activités humaines génèrent sur l'état de la biodiversité etd'identifier les réponses sociales qui permettront de compenser les effets négatifs des pressions »(Levrel, 2006 : 33). « L'OCDE reconnaît cependant que ce cadre d'analyse a pour défaut desuggérer des relations linéaires entre les activités humaines et l'état de la biodiversité et de réduireainsi la dimension complexe des interactions. En particulier, la biodiversité doit être caractériséepar rapport à un état dans lequel les interactions écologiques ne sont pas prises en compte »(ibid. : 33). Ceci explique que la construction de modèles conceptuels et d’indicateurs toujoursplus fiables occupe une large part des travaux scientifiques et techniques dans le domaine del’environnement (e.g. Gaucherel, 2003 ; Bowling & Sayer, 2004). L’enjeu de ces travaux estcomme l’expliquent H. Levrel (2006), O. Aznar et al. (2006) est d’orienter les politiques ou lesdécisions locales pour la gestion de l’environnement. La TdV prend elle-même part à ces travauxen suivant de nombreux paramètres écologiques en Camargue (des espèces jusqu’àl’hydrosystème) et en développant un système de suivi-évaluation à l’échelle du bassinméditerranéen pour influencer les politiques régionales en faveur des zones humides (OZHM,Chapitre 5).En cherchant à développer des indicateurs pour évaluer son impact sur les zones humides, laTour du Valat se situe au croisement entre les deux types et modalités d’usage des indicateurs quenous venons de présenter. D’un côté, il s’agit d’évaluer l’impact de son action. Cela renvoie, dansle langage de l’entreprise, à évaluer la performance de l’organisation. Pour l’ONGE, la création de213 Voir la partie portant sur l’acquisition et la gestion des ressources financières dans le chapitre 6.214 Ce premier modèle conceptuel a inspiré les indicateurs force motrice-pression-état-impact-réponse de l'AgenceEuropéenne de l'Environnement (EEA, 2003), qui représentent aujourd’hui le cadre de référence dominant pourillustrer les interactions société-nature.399