Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 6 – Clarifier les stratégies d’action environnementale pour les renforcerqui le juge utiles » (Chercheur TdV, séance planification stratégique, 2010). Ces propos rappellentque le fonctionnement de la recherche a ses logiques propres. Il ne permet pas de répondre àtout, à tout moment, ni de répondre aux urgences de la conservation. On peut en outre y lirel’expression d’une certaine volonté de ne pas abandonner des thèmes engagés, ce qui nous amèneà considérer la dimension du désir des membres de l’ONGE dans les choix pour l’action. Lesurgences, les priorités qui sont établies en fonction de critères spécifiques et qui constituent lesnormes internationales de la protection de la nature ne sont pas toujours celles des membres quiont un parcours, des connaissances et des sensibilités propres. La diversité et la multiplicité de cesvisions individuelles contribuent sans doute plus à l’évolution et à l’enrichissement des ambitionspour l’action qu’à un éparpillement stérile, et il serait dommage d’exclure cette dimension de désirde la réflexion stratégique qui ne tendrait alors que vers l’analyse froide des opportunités.Pour en revenir à la construction du programme « Ecosystèmes », les parties prenantes de ceprocessus (directeur du programme et chercheurs du département Ecosystèmes) interrogées surleurs visions respectives expliquent les « difficultés » 187 en partie par des problèmes d’ajustementset de jeux d’acteurs en interne. Les uns disent des autres qu’ils veulent imposer leur agendad’action à tout le groupe et les autres parlent d’une résistance au changement et de stratégies deblocages dans l’expression des enjeux de conservation visant à retarder la prise d’engagementqu’il faudrait ensuite mettre en œuvre. Etudié dans la durée, ce processus montre que cespostures d’acteurs peuvent évoluer rapidement, et plus qu’une résistance au changement, il s’agitd’une adaptation, d’une maturation progressive des idées. Voici un exemple qui illustre le tri dansles matériaux récoltés qu’il nous était important de faire pour rester à un niveau d’analyse centrésur l’intérêt stratégique qui est le nôtre, c’est-à-dire la capacité de l’organisation à mettre ensynergie les dynamiques internes avec les intérêts d’action stratégique sur le jeu public pour faireavancer la conservation. Pour cela, il n’était pas intéressant de rentrer dans le détail de la manièredont le jeu interne crée des tensions organisationnelles, mais il nous fallait veiller à en retirer cequi influence les choix stratégiques pour l’action environnementale.2. Les débats observés pendant le déroulement de ces réunions spécifiques se sont cristallisésautour de l’impossibilité de définir des « enjeux de conservations précis » pour le systèmecomplexe que constitue la Camargue. Pour ces chercheurs – et quelle que soit leur discipline – lesproblèmes qui affectent l’état et la qualité de la zone humide sont inexorablement systémiques, etles impacts négatifs affectent forcément un ensemble d’espèces et d’habitats. « La problématique187 Entendre « difficulté » comme une comparaison par rapport aux autres départements du programme. Leprogramme Ecosystèmes était plus compliqué à construire, cela a pris beaucoup plus de temps que pour les deuxautres départements.341