Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

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Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesLe but du projet est donc : l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action GIZC, qui sontsupposés rendre la gestion effective du site « intégrée », et par voie de conséquence devaientpermettre la protection de la zone humide concernée. Le passage d’un plan d’action GIZC à unegestion effective réellement intégrée, puis le deuxième pas qui doit déboucher sur la conservationde la zone humide semblent complexes et hypothétiques. Pourtant, aucun élément d’explicitationdes mécanismes qui sont sensés s’opérer pour passer de l’un à l’autre n’est fourni dans ledocument de projet, ni dans aucun document produit dans le cadre du SMAP III Moulouya. Unedes raisons de cette absence d’explicitation de la logique d’action est le degré de développementde la doctrine GIZC qui est suffisamment admise pour être mobilisée sans justification précise etcontextualisée. « Le schéma ‘stratégie nationale / actions locales pilotes / duplication etgénéralisation’ est le squelette d’une majorité des programmes de gestion intégrée du littoral.Essayer d’en sortir, ou même de le questionner, l’aborder avec prudence, demande de la part d’unconcepteur de programme davantage d’efforts de justification que de s’y tenir à la lettre – tout enen connaissant éventuellement très bien les limites » (Billé, 2004 : 257). C’est ce que J-P Olivier deSardan (1995a) appelle la cohérence technique du projet, dont la rationalité est confrontée à desregistres de cohérence scientifico-technique à l’intérieur même de la configuration duDéveloppement Durable et de la Gestion Intégrée des Zones Côtières, et donc avant même touteinteraction avec les populations locales et tout diagnostic écologique de la zones, c’est-à-dire de lamise en situation du projet.c) La Gestion Intégrée des Zones Côtières comme modèle de gestion admisLa Gestion Intégrée des Zones Côtières est en effet un concept qui a émergé dans les années1970 et s’est développé dans les années 1980. Son nom a été fixé en 1989 par un groupe de 28spécialistes de la gestion du littoral venus de 13 pays, s’étant réuni 5 jours à Charleston (USA)pour faire un bilan des progrès de la GIZC, stabiliser un vocabulaire et quelques principes debase. Le passage de la sphère scientifique à la sphère des politiques publiques est consacré par laConférence de Rio en 1992, suite à laquelle la GIZC est largement adoptée et intégrée à denombreuses initiatives internationales 127 (Kalaora & Charles, 2000 ; Billé, 2004 : 45-47). La GIZCdevient le paradigme dominant comme application du développement durable à la gestion des127 « Elle devient ainsi une notion de référence pour le pôle « gestion des zones côtières » du GroupeIntergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (IPCC, 1992), pour les Conventions sur le ChangementClimatique (1992-1994) et sur la Biodiversité (1992-1994), pour le Programme d’Action pour le DéveloppementDurable des Petits Etats Insulaires en Développement (1994), le Programme Global d’Action pour la Protection del’Environnement Marin contre les Activités Terrestres (UNEP, 1995), l’Initiative Internationale en Faveur des RécifsCoralliens (1995), ou encore la version révisée de la Convention de Barcelone, adoptée en 1995 » (Billé, 2004 : 47).188
Chapitre 4 – Le projet de conservation d’une zone humide dans un programme internationallittoraux. Les productions relatives à la GIZC sont rapidement pléthoriques : « les guidesméthodologiques, guides de bonnes pratiques (guidelines) et autres retours d’expériences publiéspar ou avec le soutien de différentes organisations internationales, et généralement rédigés pardes chercheurs-consultants mondialement reconnus » (Billé, 2004 : 48) se multiplient, autant queles programmes de mises en œuvre (les deux allant de pair) et les formations allant de la licenceau doctorat, en passant par la formation à l’expertise (Kalaora & Charles, 2000). On peut dès lorsfacilement trouver des définitions de la GIZC, mais elles sont en grand nombre et utilisent unvocabulaire spécialisé avec des mots pas toujours dans le même emploi. Quelle est la bonne ?- Celle de Cicin-Sain et Knecht (1998), les auteurs de référence dans le domaine de la gestion dulittoral ? « La GIZC est un processus continu et dynamique par lequel les décisions sont prisespour l'utilisation, le développement et la protection durables des zones et des ressources marineset côtières. Le processus est avant tout conçu pour surmonter la fragmentation inhérente à la foisà l'approche sectorielle et aux failles entre niveaux de gouvernement à l'interface terre-mer. Celaest fait en s'assurant que les décisions de chaque secteur (par exemple la pêche, la production depétrole et de gaz naturel, la qualité de l'eau) et de chaque niveau de gouvernement sontharmonisées et cohérentes avec les politiques côtières de la nation en question. Un point clé de laGIZC est la conception de processus institutionnels pour réaliser cette harmonisation de façonpolitiquement acceptable » (Cicin-Sain et Knecht, 1998 : 39, cité par Billé, 2004 : 50).- Celle que l’on trouve dans un guide méthodologique SMAP III ? « La GIZC est un instrumentde planification spatial stratégique pour le développement d'activités multiples et durables sur lazone côtière. Ce n'est pas un outil de type « recette » où un ensemble d'étapes prédéterminéessont suivies pour parvenir à la résolution d'un problème. C'est un processus ou une structurationqui intègre et construit sur une vaste gamme d'initiatives de gestion des ressources (par exemplel'agriculture durable, le tourisme, la conservation, le développement économique) l'utilisationd'une variété d'outils selon le problème pris en charge (par exemple des projets de démonstration,de zonage pour un multi-usage des secteurs protégés marins). Le but de la GIZC est finalementde faciliter les modèles d'utilisation des ressources qui améliorent et protègent les revenus desutilisateurs des ressources côtières et des habitants en conservant les processus naturels et lesfonctions de système de l'environnement. Plus les processus naturels et les fonctions peuvent êtremaintenus, plus le besoin d’interventions (supposant le plus souvent des aménagement chers àconstruire et entretenir) est réduit. » (SMAP Technical Assistance, GIZC, Booklet, 2008).Notons ici que nous ne choisissons pas – à dessein – de « définition de référence ». Le présenttravail ne consiste pas à vérifier la fidélité de la construction et du déroulement de ce projet par189
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