Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Chapitre 2 – Une approche inductive et réflexivemême sur ce que tu veux et ce que tu comptes en faire ». Nous allons donc à présent nousattacher à expliciter notre visée axiologique qui est d’abord liée à la subjectivité du chercheurqu’elle canalise dans un choix et une posture théoriques, pour ensuite discuter de ses implicationsau regard de l’enquête de terrain centrée sur une ONGE.2.4.2 Clarifier la posture normative : l’état de l’environnementAucune démarche de recherche ne peut objectivement se proclamer libre de toute normativité. A.Caillé (1992 : 33) l’explique très clairement dans ces propos relevés par M. Leroy (2006a : 30) :« Il est clair que si la connaissance n’est pas aussi connaissance des critères à partirdesquels nous décidons ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas, ce qui nous paraîthumain ou inhumain, alors cette connaissance est nulle et non avenue ». Car lesexigences de la connaissance sont de décrire. Ce qui revient à faire des classifications,expliquer, chercher les causes et les effets (les causalités pouvant être multiples et enparticulier symboliques), comprendre, en interrogeant le sens de l’action, et normer,évaluer. « Toute description est par nature infinie si elle n’est pas soumise à des critèresde sélection. Et quel autre critère de sélection est-il concevable, en dernière instance, quecelui du jugement normatif, aussi longtemps que l'on accepte ou décide de suspendrecelui-ci ? » (ibid. : 34).Choisir de travailler sur les stratégies des ONGE – pour éclairer les liens entre l’action et sonimpact environnemental et chercher à développer le raisonnement stratégique pour renforcercette action environnementale – est évidemment un engagement de l’analyste dans une recherchequi a pour finalité d’améliorer l’état matériel de l’environnement. Ainsi, il s’agit en premier lieud’un engagement. Pour G. Arnaud (1996 : 240), « le chercheur observe et « parle » nécessairementd’un certain « lieu épistémique », fait entre autres de désirs, jugements et hypothèses. S’il veutfaire œuvre scientifique et ne pas se condamner au préjugé, il a donc intérêt à connaître et reconnaîtrece « lieu » subjectif, le questionner, pour en tenir et en rendre compte ; il doit prendre lamesure et en même temps témoigner de son cadre théorique sous-jacent, ainsi que des valeurs quis’y rattachent […] ».Une fois le rejet d’une supposée neutralité axiologique exprimé, nous pouvons alors saisir larigueur de notre cadre d’analyse de la gestion environnementale, qui pose comme premierprincipe la nécessité d’« appuyer l’analyse du système d’action lié à un problème d’environnementsur une définition préalable, en termes écologiques, de l’objet environnemental à prendre encompte et des objectifs poursuivis » (Mermet et al. 2005 : 129). Ce principe pose d’emblée et trèsclairement le plan normatif au regard duquel nous interrogeons la société, les actions, les systèmesde gestion. Dit autrement, « la formule un peu provocatrice « buts dans la nature, moyens dans la93