Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesConcernant la tension avec le registre stratégique des modes d’action environnementale : lacontrainte d’obtention de fonds externes peut inciter à poursuivre certains modes d’action bienqu’ils soient jugés moins fondamentaux. C’est souvent la participation à l’élaboration de plans degestion qui est discutée en ces termes : « tout le monde sait que le principal apport de l’élaboration ouexpertise pour plans de gestion, c’est d’apporter presque 100% de fond externe, mais si on ne fait pas attention, onva devenir un bureau d’étude ». « La Tour du Valat a été innovante sur les plans de gestion pendant des années.Aujourd’hui c’est une pratique courante et il y a plein de bureau d’étude pour faire ce travail. La TdV doitcontinuer à intervenir quand elle a une vraie plus-value scientifique, ou parce que le site présente des enjeux deconservation forts. Notre participation doit être considérée avec soin » (Direction, chercheurs, com.pers.,2008).Nous avons ici parcouru les contraintes liées à la ressource financière car elles s’imposent à tousles niveaux d’action de l’organisation et l’analyse de la recherche comme action environnementaleserait biaisée si nous ne formulions pas ces enjeux au préalable. Cependant, c’est lorsque nousétudierons l’organisation dans son ensemble, dans la troisième partie du texte, que nous irons aubout de cet enjeu financier et de son articulation aux autres registres stratégiques.3.2.3 La légitimité et la notoriété scientifiques comme ressourcesMark Suchman (1995 : 3) donne à la notion de légitimité la définition suivante : « une hypothèseou perception générale que les actions d'une entité sont désirables, adaptées, ou appropriées dansun système socialement construit de normes, valeurs, croyances et définitions ». La légitimité estun concept multidimensionnel et la littérature en gestion en fournit différentes catégorisations.Selon M-L. Buisson (2005 : 154), « la plus usitée est celle développée par Scott (1995), quidécompose la légitimité en trois catégories : normative, réglementaire et cognitive ». La définitionde Suchman est néanmoins largement plébiscitée dans le domaine du management et contient lesdeux dimensions fondamentales de la légitimité : celle de la régulation des actions d'une entitécollective et celle de la nature socialement construite du système (Bréchet et al., 2008). Autrementdit, « cette définition reconnaît la nature sociale, cognitive et évaluative du construit » qui sontcommunément associés à la notion de légitimité (Buisson, 2005).La légitimité est une notion chère aux tenants des théories néo-institutionnelles qui cherchent àéclairer la façon dont « les forces culturelles, cognitives et sociales exercées par l'environnementsur les entreprises […] conduisent à une homogénéisation des pratiques et formes au sein deschamps organisationnels » (ibid.), selon le phénomène d’homogénéisation montré par DiMaggioet Powell (1983). La notion de légitimité est une clé de lecture qui ne se limite pas à120