Docteur en Sciences de gestion Mention ... - Tour du Valat

Partie 2 – Ancrage dans des cas concrets d’actions environnementalesgénérale, d’outils régulateurs et législatifs, et de projets pilotes » (Document de projet SMAP IIIMoulouya, 2005). Le projet est d’abord tourné vers le renforcement de l’organe institutionnel encharge des zones humides côtières au Maroc. Le mode d’interaction avec cette cible principale estdonc le partenariat. Ce renforcement de la Cellule Littoral nationale passerait par un soutien pourle développement de démarches GIZC au niveau local : « dans le cadre de son programmed’activité, la Cellule Littoral marocaine entend […] développer des approches qui privilégient lagestion au niveau du régional, provincial et local, là où le front de mer subit des agressionsmultiples, pour sensibiliser, former et renforcer les capacités des acteurs locaux pour les habiliterà prendre en charge la gestion de leur propre patrimoine environnemental » (ibid.).Pour cela, « les autorités locales et les acteurs locaux sont aussi considérés comme bénéficiairesdu projet ». Ainsi, les acteurs locaux de la gestion effective sont visés par le projet et l’approcheenvisagée pour les atteindre est la participation. « Le projet aura à cœur de renforcer leur capacité,leur information et leur intérêt pour la GIZC » (ibid.). Selon les principes de la GIZC, ces acteursdoivent participer au projet, sans quoi la mise en place d’un comité GIZC ne pourra aboutir.Ainsi, ils pourront en retirer un bénéfice… la GIZC. C’est d’ailleurs en partie pour cette raisonqu’une des activités prévues consiste en la « communication et la sensibilisation des acteurslocaux à la démarche GIZC pour une plus grande participation », « cette activité [étant] essentiellepour mobiliser les acteurs locaux et attirer leur intérêt dans la démarche GIZC » (ibid.).Tentons d’expliciter davantage l’ambiguïté de cette logique d’action. Les cibles – c’est-à-dire lesacteurs sectoriels ou acteurs locaux devant changer en partie leurs pratiques pour rendre lagestion de la zone côtière intégrée et durable – sont d’abord convoqués par la Province en débutde projet. Là, les « bénéfices de la GIZC » leur sont présentés et doivent susciter leur implicationdans le projet (à travers les comités que nous détaillons juste après). Mais cette logique nie lefonctionnement sectoriel de la gestion, ce qui est pourtant le problème qu’elle cherche à résoudre.Si pour les secteurs les plus puissants, l’intégration de enjeux environnementales n’est pas unbénéfice, rien ne laisse penser a priori qu’ils vont s’en contraindre. Malgré les formulationsemployées (« bénéfices »), ceci n’est pas ignoré dans les principes d’application même de la GIZCqui prévoient des formations sur la gestion des conflits, bien que les formations ne puissentcompenser les défauts de conception du projet. Dans le cas du projet SMAP III Moulouya, cettepréoccupation est présente également : la seule garantie de l’implication de ces acteurs passe parla Province qui doit convoquer les comités, ce qui suppose qu’elle soit elle-même très impliquéedans le projet.196