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84 LA VOYELLE E
moins à la rime, mais non pas essaime. Et ces
finales n'ont pas d'autres mots.
Les finales -aine et -eine sont au contraire très fréquentes,
et celles-là, souvent brèves autrefois, sont
aujourd'hui plutôt longues, comme celles de beaucoup
de mots en -éne : prochaine rime très exactement
avec chêne, comme avec chaîne et Duchesne(1);
de même reine et marraine avec rênes et sirène.
Pourtant graine et migraine ont plutôt ai bref ou
moyen, et aussi daine (féminin de daim), et bedaine,
et peut-être naine (2).
Les finales -air et -aire, -a/se et -eize sont longues
à fortiori, sans exception, ainsi que le mot glaive (3).
Il n'y a qu'une prononciation pour r, air, ère, hère,
erre, aire et haire, et lorsque grammaire avait encore
le son nasal, il se confondait avec grand'mère,
au moins à partir du xvu e siècle (4). De même c'est
l'identilé de prononciation qui a fait transformer les
tôt brefs. 11 va sans dire que les poètes ne se gênent pas pour
allonger les finales en elle afin de rimer avec aile :
Comme un géant en sentinelle,
Couvrant la ville de mon aile,
Dans une attitude éternelle
De génie et de majesté !
V. Huao, Feuillet faut., VIII
1. L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines,
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu plies.
V. HUGO, Orient., le$ Djinns.
Chaîné est pour chaeine; mais faîne et traîne auraient pu
se passer de l'accent. Ai(s)ne a gardé son 8, comme Duche(s)ne
ou Duque(s)ne.
2 . Et aussi Sedaine, tandis que les autres, Verlaine ou Madeleine,
Maine ou Germaine, Lorraine ou Touraine, Seine ou Basaine,
Taine, Aquitùne, La Fontaine, tendent à allonger leur
finale.
3. Et aussi les noms propres, Le Caire, Beauctire, Baudelaire,
Bélisaire, etc., avec Buenos-Ayres, que nous francisons;
Meuse, La Chaise, Falaise, Faise, etc.
4 Voir ci-dessus, page 64, et note 1, et plus loin, page 131.